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Barnabé

Du fil à plomb à l’oursin planétaire

Dernière mise à jour : 7 juil. 2021


V.°.M.°. en chaire, et vous tous, MTCF et S.°. en vos grades et qualités,


On relie généralement la symbolique du fil à plomb à sa position d'équilibre. Cette

planche a pour modeste ambition de compléter cette approche par une observation de l'outil

en amont ou en aval de la position fixe, de ce qui a trait autant à sa mobilité qu’aux

différents regards possibles dans le temps, dans l’espace aussi, à l'échelle individuelle et

collective.


***


Fil frontière


Avant de se stabiliser, le fil à plomb fait des balancements en arcs-de-cercle concentriques avec extinction progressive des oscillations jusqu'à l'arrêt à la verticale.


A distinguer du pendule qui peut faire un mouvement de rotation. Oscillations du fil à plomb se font en deux dimensions, symbole possible d'homme actif, de cohérence, la diminution de l’amplitude du mouvement étant symbole possible du rapprochement de la fin de vie et de celui vers la Sagesse allant généralement de pair.


Mais jamais on n'atteint l’équilibre. Ce dernier est le résultat de « voyages » de part

et d'autre de la verticale, comme si la ligne finale était frontière entre terres voisines, entre

espaces de mixité par alternance. Nous allons de « l'un à l'autre » parce que nous

sommes faits de « l'un et l'autre ».



Fil solitaire / Fil collectif


En effet, nous n'atteindrons jamais l'équilibre de notre vivant, mais à notre mort.

Une sorte d'« arrêt sur image », d'« instantané » cristallisant un « portrait » ultime de soi-même,

dont les autres pourront s'enrichir ou s'éloigner.


Et ce qui est mouvement à l'échelle de l'individu peut être transposé à celle de l’Humanité entière.


Nous travaillons à lui faire approcher la ligne d'équilibre, la ligne de paix. Elle y tend, après balbutiements, tâtonnements de siècle en siècle, balancements négatifs, positifs, défensifs, régressifs, subversifs, offensifs, constructifs au bout du compte, tout échec rapprochant de la réussite.


Mais cette évolution « en dents de scie » ne doit pas nous faire perdre de vue la « lame de fond », le progrès du monde, même s'il avance à pas d'escargot. La coquille va dans le bon sens, et ses hésitations font partie intégrante du cheminement.


Et si la progression de l'Humanité nous parait si lente à en douter parfois, c'est qu’elle s'inscrit dans un temps infini, face à nos êtres finis.


Le mouvement maçonnique se construit dans ces deux temps.


L'univers que nous taillons nous dépasse, comme la cathédrale, le maçon. Il nous met en chaîne avec nos frères, nos sœurs, d'hier, de demain, d'ici et d'ailleurs.


Mais si nous pensions encore la terre plate, nous affirmerions ces fils parallèles. Ce qui semblait « vrai » à petite échelle, jadis, s'avère « faux » à plus grande, à plus réelle, à plus récente échelle. Car l’infiniment petit construit l’infiniment grand, et l’infiniment petit devient fraternellement grand, en atelier maçonnique. « Le tout est plus grand que la somme

des parties » disait un professeur de Sciences en Terminale.



Fil d’Harmonie


C’est selon cette démarche que nous sommes devenus les sculpteurs de notre Histoire, celle notamment qui déclara, il y a plus de deux siècles, les « Droits de l'homme et du citoyen ». Ils sont notre aiguillon, à l'instar des balancements du fil à plomb, où l'alternance est signe de démocratie, à trois conditions : ni trop, ni trop peu, et pas n'importe laquelle. Toute alternance n'est pas bonne à prendre, toute permanence non plus, a redit le pays des Lumières à plusieurs reprises au début du XXIème siècle encore.


Sculpteurs d'Histoire donc.


Si chaque personne était représentée par un fil à plomb, nous aurions des milliards de

fils à plomb, un oursin humain de la taille de la terre, de densité et de coloration variables en

nombre de piquants au km2, autant racines que flèches. Un « oursin planétaire », adjectif

que nous pourrions décomposer : « planète air » s’agissant d’un oursin d’air imaginaire,

alors que l’invertébré vit dans la mer, et qu’on le surnomme parfois « hérisson de mer ».


Sculpteurs d'espace aussi donc.


Sculpteurs d'Harmonie aussi, à l’instar de l'« harmonie musicale » par exemple, cette jeune technique d'écriture (cinq siècles seulement), appelée communément « science des accords», qui emploie notamment l'« accord parfait », « les notes qui s'aiment » du frère Wolfgang, qu'on lit dans le sens vertical, de bas en haut, telle la cathédrale, des fondations au clocher.



Fil pluriel


L'élève des Beaux-Arts reproduit le corps nu à l'aide du fil à plomb. Son regard suit la courbe du corps, et son crayon le reproduit. Le fil à plomb « géométrise » l'espace, aide à mesurer les écarts, « pixellise » virtuellement les formes. Son outil facilite le travail à l'élève, l’aide à reproduire fidèlement les courbes : l'endroit où le corps repose sur le tabouret, les hanches, les épaules, etc...


Un emploi très différent de celui de l'architecte, du géomètre ou du maçon, qui se servent d'une verticale de référence pour la transposer au plus près. Le croquis final de l’artiste n'a rien à voir avec le fil à plomb, alors que l'outil lui est indispensable. Pour chacun, l'emploi du fil à plomb est un élément incontournable de son travail.



***



Le fil à plomb peut donc être utilisé de diverses manières, dans le travail opératif comme dans le travail spéculatif conséquent, qu'on l'observe avant, pendant ou après l'équilibre, dans l'espace ou dans le temps, à l'échelle individuelle ou collective.


Cette grande diversité d’usages nous conforte dans l’idée que nos outils, celui-là comme tous les autres (jusqu’au rituel lui-même), n'est jamais un but en soi. Seul l'usage compte. A chaque

outil ses fonctions. A chaque maçon sa construction. A tous, l'harmonieuse composition.



J’ai dit.


Barnabé


 

D'autres approches sur le fil à plomb (the plumb-bob) et l'oursin










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