top of page
Search

FUSION ET GRAVITATION

Updated: Mar 20, 2023

NDLR : Nous sommes très honorés par la confiance que nous témoignes le BAF Luca en nous autorisant à reproduire la planche que vous lirez ci-dessous qui traite de façon particulièrement innovante de ce symbole traditionnel.




L’étoile créatrice


Toute la matière qui nous entoure est composée d’atomes. Les atomes sont les briques de toutes choses. Ils sont plutôt ronds et composés d’un noyau dense en forme de boule entouré de minuscules électrons.

Il est possible de les classer par taille. Le plus petit est l’hydrogène, vient ensuite l’hélium.


Ensemble ces deux atomes représentent 98% de la matière connue de l’univers.


A l’origine de notre univers, il y a 14 milliards d’années ces deux atomes constituaient probablement toute la matière connue.


L’azote, le carbone, l’oxygène, l’argent, par exemple, n’existaient pas à l’époque.


A l’intérieur d’une étoile comme le soleil, la température atteint presque 20 millions de degrés. Les atomes d’hydrogène sont dépouillés de leurs électrons et ne sont plus que des noyaux nus qui forment une sorte de plasma soumis à l’écrasante énergie liée à la pression gravitationnelle qui règne au cœur de l’étoile : ils n’ont d’autre choix que de se coller les uns aux autres et de fusionner.



C’est la fusion thermonucléaire. La création de gros noyaux par agglutination de noyaux plus petits. Ces noyaux nouveaux, devenus lourds, en s’éloignant du cœur, retrouvent des électrons et deviennent de nouveaux atomes. Ainsi naissent l’azote, l’oxygène, le carbone ou encore l’argent, etc.


Le cœur d’une étoile est une énorme centrale à fusion thermonucléaire contrainte par la nature à forger de la matière.


Tous les atomes lourds présents sur Terre, tous les atomes essentiels à la vie, y compris ceux qui composent notre corps, ont été, un jour, engendrés au centre d’une étoile. Nous sommes des poussières d’étoile. Nous respirons, nous buvons, nous mangeons, nous touchons, nous aimons des poussières d’étoile.


Sans étoiles la vie n’existerait pas. Mais pour permettre la vie il faut que l’étoile meure. Car si ces atomes sont en nous, autour de nous, c’est qu’ils viennent d’étoiles disparues.



Lorsque deux atomes fusionnent au cœur de l’étoile pour former un noyau plus gros, une partie de leur masse disparait. La masse du nouveau noyau est inférieure à la sommes des masses des noyaux qui lui ont donné naissance. La masse manquante est transformée en énergie en vertu de la célèbre formule : E=mc². Evidemment la masse manquante lors de chaque fusion est très faible mais il y a tellement de noyaux qui fusionnent au cœur de l’étoile à chaque seconde que l’énergie totale libérée est colossale. Cette énergie produite rayonne dans l’espace. Elle nous réchauffe et fait murir les nombreux épis de blé et les fruits de grenade comme elle fait pousser les roses et le mimosa.


Tant que la fusion a de quoi s’alimenter, tant qu’il y a suffisamment de petits noyaux à fusionner, l’étoile vit. Puis lorsque le combustible nucléaire vient à manquer l’étoile se contracte, sa production d’énergie n’étant plus suffisante pour s’opposer à la gravitation, la matière se concentre de plus en plus, une nouvelle et ultime réaction de fusion s’enclenche alors qui domine et surpasse la gravitation. Alors l’étoile grossit, grossit. La gravitation est vaincue. L’étoile explose.


Cette explosion mortelle de l’étoile dissémine dans l’espace tous les atomes forgés au cours de son existence, plus quelques autres formés lors de l’explosion finale, tel l’or, formant d’immenses nuages de poussières interstellaires qui pourront donner naissance à de nouvelles étoiles ou de nouveaux mondes. Et permettre la vie.



C’est ainsi, en suivant un long processus qui a commencé il y a des milliards d’années, qu’un nuage de poussières d’étoiles a donné naissance à la Terre. Et à chacun d’entre nous.


L’étoile est donc la forge première, là où nait toute matière, là où naissent les métaux enfouis ou plutôt constitutifs de notre planète et de ses profondeurs desquelles il faudra les extraire pour les ramener à leur pureté originelle par le feu, l’air et l’eau, œuvre des forgerons tubal-caïnites. Je n’aborderai pas ici la figure de Tubalcaïn qui pourra inspirer un travail au premier degré. Mais c’est bien ainsi à nouveau par le feu que renaitront des anneaux dans leur pureté de métal stellaire.


La symbolique maçonnique distingue donc le pur métal des métaux qu’il convient d’abandonner car symboles des vanités terrestres dont le plus évident est l’argent dans sa polysémie décrivant à la fois un métal mais aussi un moyen fiduciaire. Le second impur par nature dans notre culture alors qu’il n’est au fond que destiné à garantir l’équité des échanges donc la confiance comme l’indique son étymologie.


C’est donc moins la nature du métal qui est en cause que les dérives de son usage qui en pervertit la pureté. Mais aussi la dualité de toute chose. Le fer pouvant servir à forger le soc de la charrue comme l’épée, l’instrument de vie comme l’instrument de mort. Et l’argent du denier autant à corrompre qu’à donner un juste salaire. On pourra ajouter que l’or de la pièce est rarement pur car trop mou mais plutôt sous forme d’un alliage.


Au fond, le métal ne cesse pas d’être pur dans sa nature et abandonner ses métaux est plus une invitation à renoncer à leur représentation profane, voire à leur profanation, à se détacher de l’apparence pour rechercher et retrouver la vérité dans une métaphore alchimique de transformation de l’être.


La matière dont nous sommes faits est ainsi née quelque part dans l’immensité de l’univers, au cœur d’étoiles aujourd’hui disparues. Nous portons en nous le fruit de ces mondes disparus. Nous sommes leur souvenir, leur héritage. Notre mère primordiale est une étoile. Ainsi le macrocosme engendre le microcosme qui par la conscience qu’il en a lui donne à son tour vie. L’étoile en nous, nous relie à l’univers.



A l’image de l’homme de Vitruve, le pentagramme étoilé, par sa représentation anthropomorphique, peut dire que notre étoile polaire, le guide de notre quête maçonnique, sa finalité aussi, est l’amour de l’humanité. Mais, au-delà de l’allégorie philosophique, la symbolique de l’étoile, par les atomes dont nous sommes faits issus de ses entrailles fusionnantes, unit notre microcosme éphémère au macrocosme éternel. Comme une invitation à penser notre existence à travers notre relation au cosmos et donc à la nature dans une communauté de destin d’une brulante actualité.


Et non pas seulement dans la possession/domination de la nature mais dans sa connaissance, dans la compréhension de notre rôle et de notre place dans l’ordre cosmique. Car si nous sommes mortels, nos atomes ne le sont pas. Demain, libérés de notre être ou libérés par notre être, ils retourneront à la nature s’unir avec d’autres atomes pour renaître sous une autre forme ou dans une autre vie. L’étoile, par ses atomes créés, est en nous éternelle. Elle nous confie pour un temps un peu d’éternité, cette chaine infinie qui vient du passé et va vers l’avenir. Dont il nous appartient d’être pour un temps un solide maillon de pur métal dont nous devrons assurer la transmission. La matière étant éternelle il revient à notre finitude de transmettre la connaissance/conscience du monde qui nous entoure.


Par l’étoile, notre finitude est ainsi faite de grains d’éternité, la création est en nous comme nous sommes en elle.


Ce qui renvoie à une méditation sur les concepts philosophiques, puisque nous sommes amis de la sagesse, de nature naturante, le principe créateur, et de nature naturée, ce qui est créé. En Occident d’Aristote à Spinoza en passant par St Thomas d’Aquin, celui qui croit verra dans le principe créateur le principe divin, celui qui ne croit pas y verra les lois qui régissent la nature. Les deux ont en commun d’être au-delà de l’homme. Donc transcendants.



Mais la distinction est peut-être formelle puisque l’étoile est à la fois créée et créatrice. Sans elle pas d’éléments nécessaires à la vie, sans vie pas de conscience du cosmos et sans cosmos pas d’étoile. Dans notre langage symbolique, l’analogie anthropomorphique du pentagramme étoilé est une invitation pour le FM à prendre conscience de ce qui le créée autant qu’à être lui-même créateur donc à prendre sa place dans l’ordre du monde et à y contribuer.


Si, par analogie anthropomorphique, nous sommes l’étoile, c’est aussi une invitation à être cette force fusionnante qui rassemble ce qui est épars et, par l’énergie créatrice et le travail, fait naître une humanité meilleure et plus éclairée. C’est peut-être aussi une invitation à forger en nous, par la fusion du vrai, du juste et du beau, les vérités et les changements que nous voulons voir dans le monde. Bref, c’est nouveaux atomes ressemblent aux vérités acquises, fruits du processus initiatique de chaque Sœur ou Frère/étoile.


Comme l’écrivait Christian Bobin, « L’intelligence est la force, solitaire, d’extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi, vers l’autre là-bas, comme nous, égaré dans le noir ».



Gravitation


Le mémento du Compagnon enseigne « que la gravitation est la force primordiale qui régit l’équilibre de la matière mais aussi une force qui rapproche les cœurs… ».



Or, disons-le d’emblée, cette conception est un héritage de Newton mais depuis Einstein et sa théorie de la relativité la Gravitation n’est plus une force mais une déformation, une succession de courbures de l’espace-temps. En effet, en mécanique classique, newtonienne, la gravité ou gravitation est une force attractive proportionnelle au produit des masses des deux corps en interaction divisé par le carré de la distance séparant leurs centres d’inertie. En relativité générale, la gravité n’est pas une force mais une illusion due à la déformation de l’espace-temps. Cela explique pourquoi la trajectoire de la lumière portée par les photons, corpuscules jusqu’à preuve du contraire sans masse, est déviée comme s’il y avait attraction : c’est l’effet de lentille gravitationnelle qui ne peut pas être expliqué en physique classique newtonienne.


Imaginons l’espace-temps comme une grande toile tendue. Si l’on place des corps dessus, par exemple des balles de ping-pong, elles se répartiront sur la toile sans trop la déformer. Plaçons une boule de pétanque, elle va créer une dépression, une courbure de la toile qui va attirer aussi les balles de ping-pong proches : c’est l’effet gravitationnel.



Ainsi l’espace-temps est une succession de pentes, de courbes gravitationnelles engendrées par les astres, les galaxies, les étoiles, les planètes. Et comme tout bouge dans l’univers, ces pentes, ces courbes se mêlent, s’additionnent, se défont.


Lorsque nous chutons par terre, en réalité nous glissons le long d’une pente crée par la Terre, c’est cela que nous appelons gravité ou gravitation. Et plus l’objet sera massif plus la pente créée sera importante et plus il est difficile de la remonter. La gravité est plus forte sur la Terre que sur la Lune.


Dans l’espace la lumière tout comme la matière ne se propage donc pas en ligne droite. Tout objet crée une pente invisible que nous appelons gravitation, chacun d’entre nous crée l’une de ces pentes mais comme sa masse est négligeable par rapport à celle de la Terre son effet gravitationnel est quasi nul.


La gravité que nous ressentons est la somme des gravités qui nous entourent, c’est-à-dire des pentes engendrées par les objets qui nous entourent mais aussi par nos voisins sur les colonnes.


Ce qui se trouvent en dessous de nous est bien plus massif que ce qui est au-dessus. La Terre sous nos pieds contient bien plus de matière et d’énergie que le ciel au-dessus de nos têtes. Ce qui est en dessous crée donc une pente gravitationnelle bien plus raide : c’est la gravité de la Terre.


Einstein a montré que la gravité n’est pas une force mais une résultante géométrique des courbes et des pentes crées par la matière et l’énergie en un endroit de l’espace. La gravitation n’est donc pas une force au sens classique du terme mais une courbure de l’espace-temps sous l’effet de la masse de matière et de l’énergie.



La Lune courbe donc aussi cet espace-temps faisant que l’eau à la surface de la Terre a un peu tendance à tomber vers elle, ce sont les marées. Cet effet s’exerce aussi sur la croute terrestre rocheuse mais comme c’est une solide dont la densité est bien plus grande l’effet est bien moindre.


Le Soleil avec sa masse très importante courbe encore plus l’espace-temps autour de lui, créant une pente le long de laquelle tournent les planètes du système solaire.


Toutes les courbures engendrées par les étoiles de la Voie-Lactée s’additionnent pour créer la courbure de notre galaxie qui rivalise avec celles des galaxies voisines, etc.


Mais alors pourquoi, si le soleil exerce une force gravitationnelle si puissante sur la Terre, celle-ci ne tombe-t-elle pas à sa surface ni la Lune sur la Terre ? Car cela serait le cas si rien ne venait compenser de telles influences.



La Terre est animée d'un mouvement de rotation autour du Soleil qui la propulse à 107 000 kms à l'heure et cette trajectoire tend à la propulser vers l'extérieur équilibrant ainsi le pouvoir de l'attraction.


Force centripète contre force centrifuge. C’est l’effet de fronde. Pour vulgariser le phénomène les savants comparent le soleil à un lanceur de marteau et la Terre à la sphère métallique que l'athlète fait tourner autour de lui au bout d'un fil d'acier pour lui communiquer l'élan nécessaire. Plus l'athlète accélère sa rotation, plus le marteau aura tendance à s'évader vers l'extérieur alors que le fil d'acier l'attire vers sa source. Lorsque l'athlète s'arrête, le poids tombe, de même dans la gravitation : la Terre tomberait vers le Soleil.


Les astronomes savent que si la terre devait accélérer sa vitesse de rotation, elle tendrait à s'éloigner du soleil. Cependant, si elle devait s'arrêter ou fortement ralentir son mouvement, elle serait immanquablement attirée vers le soleil.


Dans l'ensemble de l'univers, les galaxies, les étoiles, tous les corps célestes sont régis par les lois qui règlent les orbites et sans lesquelles un effondrement des astres précipiterait l'univers vers le chaos.


Ainsi, grâce à la gravitation, l'univers repose sur un état d'équilibre permanent. Chaque astre exerçant son action sur les autres, étant influencé en retour pareillement. L'interaction entre toutes ces forces assure la stabilité de l'univers en relation avec d'autres mouvements, de rotation notamment.



Qu’en déduire sur un plan symbolique



D’abord que sur le plan de la science physique contemporaine la gravitation n’est pas une force primordiale à proprement parler. Mais qu’elle résulte de la formule E = mc².


La gravitation est donc une relation entre l’énergie, la masse et la lumière. Or développer l’énergie en lui est le devoir du Compagnon et la masse, la densité pourrait être assimilée au travail que le grade de compagnon glorifie. Par le travail et l’énergie créatrice le Compagnon engendrera donc autour de lui la force gravitationnelle qui rapprochera les cœurs et, en les unissant, assurera la solidarité et la solidité de l’édifice maçonnique. Quant à la lumière nous l’avons reçue lors de notre initiation mais c’est aussi une référence à l’étoile.


Einstein a montré qu’à travers la courbure de l’espace-temps, la gravitation n’était pas une force mais de la géométrie crée par la matière et l’énergie. Il renforce donc le second sens de la lettre G.


Si bien que la première phrase du livret de Comp :. définissant la gravitation est certes scientifiquement discutable mais reste valable sur un plan métaphorique.


Au contraire, si la gravitation était une force primordiale, même symboliquement, nous ne saurions exercer une quelconque influence sur elle, ni nous libérer de son déterminisme. Le fait qu’elle ne soit pas une force en soi permet symboliquement d’en faire la résultante de notre volonté par l’énergie et la masse-travail, qu’il s’agisse de la gravitation que nous engendrons ainsi ou des gravitations que nous subissons dont il devient possible de s’émanciper dès lors que leurs effets seraient négatifs. C’est ainsi que la capacité retrouvée du Compagnon à engendrer son propre effet gravitationnel lui permet de se libérer des passions tristes et d’attirer vers lui la lumière.


Cela n'est pas sans rappeler le devoir du Comp:. FM:. de maintenir en lui l'équilibre physique, l'équilibre intellectuel et l'équilibre moral et par l'union des trois développer l'énergie créatrice. De même que les grandes lois physiques cosmiques maintiennent l'équilibre de la création. Unifiant ainsi microcosme et macrocosme.



Si, métaphoriquement, la gravitation est la force qui rapproche les êtres, une lecture un peu critique pourrait faire observer qu'au niveau astronomique c'est l'équilibration de cette force par des forces opposées qui assure l'ordre cosmique et non l'action seule de la gravitation, laquelle mènerait au chaos. Alors pourquoi la mettre particulièrement en avant. A cela on pourrait répondre que la figure d'Isaac Newton était admirée de Desaguliers, propagateur de ses travaux, et d'Anderson, tous unis par la FM:. , Newton figurant, avec Mozart, La Fayette ou encore Washington, au panthéon maçonnique.


Donc il n'est pas surprenant de retrouver, même indirectement, dans l'un de nos rituels, cette référence quasi obligée à celui qui est considéré comme l'un des fondateurs de la FM:. anglaise. En conséquence, l'une des significations de la lettre G ne pouvait donc sans doute pas ne pas être : gravity, gravitation. La gravitation réalisant par ailleurs une progression voire une élévation sur géométrie et génération en posant un principe fondamental de l'ordre universel de la création et non plus seulement terrestre avant la transition vers le Génie et la Gnose qui permettent d'accéder à la connaissance et à la conscience du tout, tous les cinq manifestations du Gadlu, qu’il soit Dieu ou Equation.


Le phénomène physique gravitationnel pourra nous inspirer deux réflexions principales.


La première serait de dire que si la gravitation n'est pas suffisante, elle est nécessaire et fondamentale. Sa portée serait, en physique, infinie, faisant sentir ses effets à l'échelle de l'univers entier. Sans elle point d'harmonie du cosmos, de jours qui succèdent aux nuits, de lever de soleil et de clairs de lune, de ciel étoilé, bref une force au service de la beauté de la création, de l'énergie créatrice. Mais, on l’a vu, une force qui doit trouver son équilibre dans la dualité avec d’autres forces dans l’harmonie de la création. Et c'est sans doute aussi cette notion d'équilibre et d'harmonie qui doit guider le travail et le chemin du Compagnon dans sa quête de la Beauté. Car c'est cet équilibre avec la gravitation qui maintient stable l'étoile flamboyante que l'on contemple au firmament, symbole de la permanence de notre idéal.



Et lorsque le compagnon passe de la verticale à l'horizontale pour aller vers l'autre, s'il met alors en jeu la gravitation qui rapproche les êtres, c'est sa quête associée d'équilibre et d'harmonie, à l'instar de l'ordre comique, qui fera que ce rapprochement sera amour fraternel et non confrontation.


La gravitation nous révèle donc le nécessaire équilibre des contraires, que l’on retrouve suggérer par le pavé mosaïque mais aussi dans la fresque de JGJ, pour maintenir l’harmonie. En nous et autour de nous. Pas de musique sans silences, pas de lumière sans obscurité. L’équilibre est à rechercher dans l’union des différences. Principe féminin et masculin, comme l’exprime la fresque de Jean-Gabriel. Immanence et transcendance. Connaissance et conscience. Rationnel et spirituel. Mais aussi, plus prosaïquement entre individu et société, ancien et nouveau, Loge et Obédience. En toute chose, en lui et autour de lui, le/la FM :. est en quête d’équilibre. Aspirer à être le centre de l’union ce n’est pas chercher l’harmonie dans l’uniformité mais dans le maintien de l’équilibre des différences.


La seconde réflexion vient que la gravitation n’est donc pas seulement la capacité à créer un phénomène d’attraction sur un objet précis, être ou idée, mais à agir sur notre espace-temps. Et d’abord à prendre conscience de notre espace-temps. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs disposaient d’un espace infini mais le temps leur était compté. Ils vénéraient leur espace-nature. Devenus sédentaires au néolithique, leur espace se contracta sans que leur temps n’augmente guère. Ils découvrirent l’infini et l’éternel de l’au-delà. Aujourd’hui le bout du monde est à guère plus d’une journée de voyage et seul le présent, l’instant semble exister.


Nous n’avons guère d’espérance. Nous avons perdu tout rapport au temps long, le présent a perdu toute profondeur. En somme, le futur a quitté le présent. Et pourtant, comme l’écrivait Bergson, « l’idée de l’avenir est plus féconde que l’avenir lui-même ».


Il est amusant de noter que « idée de progrès » a pour anagramme « degré d’espoir ». Si bien qu’il parait important de nous réapproprier la conscience de notre espace-temps donc de notre place dans le cosmos. Ainsi si la Gravitation fait appel, on l’a vu, à la Géométrie, la pensée de l’espace-temps mobilise la Génération, le Génie et la Gnose.


Ensuite nous avons vu que c’est la densité qui engendre l’effet gravitationnel.


Par analogie, c’est par la densité ou l’intensité que nous agissons sur notre espace-temps, c’est-à-dire sur notre vie.


Au fond, la quête initiatique de la sagesse c’est l’acquisition de la densité de l’être qui influence son espace-temps c’est-à-dire son existence. Mais aussi les existences qui l’entourent. Et plus qu’un porteur de lumière, la ou le FM :. est un attracteur de lumière. Lorsque nous aspirons à œuvrer au perfectionnement moral et intellectuel de l’humanité ou à travailler à l’amélioration matérielle et sociale de la condition humaine, nous y parviendrons moins par des postures de communication que par la densité de notre pensée collective et de nos actes qui feront aimer notre ordre par l’exemple de nos qualités. De même un atelier attirera et retiendra des profanes par la densité de ses travaux et de sa fraternité plus que par une vaine agitation prosélyte ou communicationnelle. La densité, en FM :., passe par le travail plus que par la parole. C’est pourquoi, sans cesse glorifions le travail !


Vous l’aurez compris ce travail vise moins à être un exposé de physique qu’à démontrer que le symbolisme est une langue vivante qui ne se confine pas dans le passé ni, en l’occurrence, dans la physique du 18eme siècle et doit s’inspirer des vérités acquises.


Le passé, en s’effaçant, doit ensemencer l’avenir, pas le confisquer dans une vaine répétition de ce qui a été et n’est plus. Si nous sommes guidés, comme nous l’affirmons, par la recherche de la vérité, alors notre langage doit intégrer les résultats de cette recherche qui, loin de le remettre en cause, l’enrichi et lui ouvre des voies nouvelles d’application. Le langage symbolique n’est pas un dogme mais un accoucheur de pensées, d’idées. Un langage qui permet de traiter dans l’égalité et la liberté de l’atelier de tous sujets comme l’indique notre RP, l’opposition sujets symboliques/sujets de société est donc totalement artificielle et n’a au fond aucun sens puisque c’est la pratique méthodologique des premiers qui permet de traiter les seconds sans avoir besoin de titres universitaires.


Le langage symbolique n’est pas non plus une langue morte, figée, réduite à quelques définitions récitées tel un catéchisme de cinq minutes. Au contraire c’est un langage qui doit rester vivant en explorant et revisitant ses sens et significations, tout en ayant, par discrétion, l’apparence anodine et néanmoins hermétique des expressions du compagnonnage opératif, afin de nous aider à faire naître nos idées, élaborer notre pensée, à être créateur de nous-même en mêlant équerre et compas pour devenir bâtisseurs du Temple. Il ne faut donc pas craindre de passer au filtre de l’esprit critique certaines affirmations de nos ouvrages ou définitions de référence, c’est à ce prix que le symbolisme s’inscrira dans la modernité et restera le langage des femmes et des hommes libres.


Car tel est l’art qu’on enseigne ici.


J’ai dit.

881 views2 comments
bottom of page