L'enjambement du cercueil n'est pas une gestuelle fréquente dans les différents rites pratiqués par les êtres humains.
En franc-maçonnerie, il est pratiqué trois fois lors des trois derniers pas de la marche du maître (de la maîtresse), à l'occasion de la cérémonie d'élévation à la maîtrise.
Dans certains rituels, l'enjambement est interprétée comme l'évocation d'une dimension verticale.
En réalité cette pratique rituelle de l'enjambement dans un rituel maçonnique est particulière ; sans aucun contenu symbolique évident, cohérent et logique. D'autant plus que l'on ne retrouve pas cette gestuelle dans des rites chrétiens.
Tout se passe comme s'il s'agissait d'une gestuelle magique de possession et de transmutation qui permet le transfert de l'âme du défunt vers l'âme de l'officiant en actant sa résurrection. Cela ressemblerait plus à une pratique animiste populaire !
On retrouve ce rituel d'enjambement dans les rites mortuaires en Afrique ; en voilà une description :
" Le rituel d’ »enjambement » consistait à prendre la parole devant tous les témoins pour dire ou réaffirmer sa loyauté et sa probité dont on a fait preuve envers un père ou une mère durant sa vie sur terre. En effet, lorsqu’il s’agissait d’une mort de vieillard(e), après l’annonce du décès et dès que les préparatifs sont terminés pour l’enterrement, outre les rites de lavage ou corps, de prise de dernier repas et d’abattage de chien (uniquement pour l’enterrement d’hommes chez certaines communautés moose), avant le rite du dernier tour de la concession mortuaire, intervient le rite d’enjambement du cadre. Les croque-morts apprêtent le cadavre et le posent sur sa terrasse. Tous les fils, filles et proches sont invités à venir rendre un dernier témoignage de leur loyauté et fidélité au(à la) défunt (e). Chaque candidat à l’exercice, s’arrête devant le cadre et prononce le discours du genre: « De ton vivant je ne t’ai jamais trahi ni dire des mensonges sur toi encore moins faire ce qui est interdit envers toi. Si je l’ai fait, toi qui es dans ta vérité, ne me laisse pas. Si je n’ai pas été loyal envers toi qu’en complicité avec les ancêtres, vous attrapez mon pied pour m’y amener ». Il enjambe le corps trois(3) et les femmes quatre(4) fois. Il faut dès lors, savoir que lors que vous avez commis un forfait, mieux vaut ne pas s’aventurer. Les exemples de forfaits peuvent être l’infidélité dans le couple, le viol, le vol, la calomnie et la médisance ayant conduit à de graves préjudices sur la moralité et/ou sur la notoriété du défunt de son vivant. Lorsque un candidat est fautif et s’efforce d’accomplir ce rite, le signe avant-coureur de sa prochaine punition sera de trébucher ou de chuter en public, preuve que le défunt est entrai « attraper son pied ». (Sources : Dr Patrice KOURAOGO, Chargé de Recherche, Sociologue au CNRST-INSS)
Une pratique mortuaire présente aux Antilles
« D’une part, « Les femmes rangeaient la maison, couvraient les miroirs de draps blancs et paraient le lit des plus beaux attributs après qu’une planche ait été posée sur le matelas afin de maintenir le corps bien droit. II était aussi de tradition de faire enjamber la dépouille par tous ceux qui avaient peur des morts ». (Source : Antilles : Les rites funéraires d’antan)
Pessa'h et l'enjambement
Chacun sait que Pessa'h est le nom d'une fête juive ; Bernard Marquier dans son livre "De Moïse à Hiram: Et si c'était cela la franc-maçonnerie ?" fait allusion à Pessa'h :
Mais tout n'est pas simple parce que dans la tradition juive, il y a aussi un interdit concernant l'enjambement !
L'enjambement, c'est aussi ... une technique de versification utilisée en poésie
Rejet au début du vers suivant d'un ou plusieurs mots indispensables à la compréhension du sens du premier vers (Source CNRTL)
En conclusion :
L'enjambement du cercueil vide dans le rituel d'élévation à la maîtrise est un symbole gestuel sans explication logique ; sauf ignorance de notre part, ce symbolisme ne se retrouve dans aucune tradition chrétienne de la fin du moyen-âge. Il nous faut continuer à chercher !
Sources :
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