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Photo du rédacteurMatéo Simoita

Le jeu symbolique

Dernière mise à jour : 15 juil. 2020



Le jeu symbolique : de la maternelle à la loge !

L’expression « jeu symbolique » fait d’abord partie du vocabulaire des pédagogues.

Jean Piaget (1896-1920) a été le premier à conceptualiser la notion de pensée symbolique et à démontrer son importance dans le développement de l’être humain ( cf Le Langage et la pensée chez l'enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1923). Il est classique de résumer l’apport de jean Piaget en constatant que la fonction symbolique suppose « la capacité à différencier un signifié même absent (objet, action...) d’un signifiant (le mot, le symbole) ».

A sa suite, de nombreux travaux ont corroboré cette approche ; Howard Gardner, (Psychologue cognitiviste et professeur de neurologie à la faculté de médecine de Boston, professeur en éducation à l’université d’Harvard). a apporté un éclairage complémentaire à partir des années 2000 avec sa théorie des intelligences multiples.


De façon schématique, on pourrait dire que ces deux notions, pensée symbolique et intelligences multiples, sont des clés indispensables à la compréhension de l’être humain en général et du jeune enfant en particulier ; dans une problématique d’expression de l’authenticité des ressentis, leurs utilisations dans la pratique du jeu symbolique est une extraordinaire source d’enseignement et de compréhension des vécus.


En maternelle, le jeu symbolique permet à l’enfant de « résoudre ses conflits internes pour une adaptation harmonieuse au monde dans lequel il évolue ». Lorsque le jeu symbolique, tel qu’il est pratiqué par l’enfant, fait l’objet d’une « interprétation » il permet aux parents et aux pédagogues de mieux le comprendre et aussi de mieux l’accompagner !

L’enfant par le jeu symbolique dans lequel il interprète des rôles d’adulte se projette dans un « autre » monde , se détache des affects de sa vie quotidienne et petit à petit acquière une responsabilité qui sera la sienne lorsque la socialisation et l’apprentissage lui permettront d’avoir une autonomie.


Or, ce jeu symbolique que nous avons tous pratiqué en maternelle, nous ne le quitterons plus et de façon consciente ou inconsciente, il va nous accompagner toute notre vie jusqu’aux derniers instants.

Ce jeu symbolique, on le retrouve tout naturellement en loge.

Le-la franc-maçon(ne) n’accepte pas toujours qu’on puisse accoler les deux termes, « jeu » et « symbolique » ; le symbolisme est souvent présenté en franc-maçonnerie comme le moyen d’accéder à une spiritualité sacrée et lui adjoindre un terme qui sous-entend une distance et une composition peut apparaître comme une « désacralisation » ! Mais sachons dépasser une "coquetterie" de langage !

Dans l’univers maçonnique, l’initié-e vit aussi l’expérience d’un « autre » monde ; il s’agit là d’un monde de vertus où les relations sociales ont des règles spécifiques avec un langage utilisant des mots nous projetant dans une quête d’absolu.

Que cela soit en loge bleue avec ces trois principales séquences que sont l’initiation, le passage au rôle de compagnon et la projection dans « la peau » d’Hiram ou dans les ateliers dits « supérieurs » où l’exercice « explose » tellement les personnages sont variés, nombreux et dans des rôles très disparates !

La difficulté inhérente au jeu symbolique maçonnique c’est l’absolue nécessité de « laisser les métaux à la porte du temple » c'est-à-dire de ne pas répéter les rôles que chacun-e peut avoir dans le monde habituel dit profane où les rapports de pouvoir et d’influence prédominent. Pour cela, il faut faire une réelle gymnastique intellectuelle et accepter de savoir « jouer » le rôle de l’initié-e.

Il ne s’agit pas de faire du théâtre ou du cinéma pour présenter une composition, il s’agit de se préparer et donc progressivement de se projeter dans une transformation de notre vie profane en une vie d’initié-e plus imprégnée de réflexion philosophique et de méditation sur le sens de la vie que de sentiments prosaïques.

L’essentiel de l’initiation n’est-il pas de transformer une démarche de revendication et de recherche d’avoirs en un retrait relatif du monde passionnel pour parfaire notre évolution personnelle ?

Cela n’est possible que si l’on accepte que la tenue maçonnique soit un espace-temps « extra-ordinaire », hors du temps habituel et de ses codes. C’est une règle du jeu implicite mais elle est essentielle pour la réussite du jeu.

A la vérité que ce soit en maternelle ou en loge, le jeu symbolique n’a d’intérêt que si il est authentique et permet au sujet de faire une apparente abstraction de son ressenti et de sa problématique. La trame qu’offre le récit ou les personnages du jeu ne sont qu’un prétexte pour permettre au « joueur » de gommer sa personnalité pour se projeter dans un devenir.

Ce jeu symbolique peut aussi permettre d’expérimenter en loge d’autres formes de rapports inter-personnels que ceux qui existent habituellement dans le monde profane. Les rituels n’abordent pas réellement tout le sujet mais la praxis des tenues pourrait très bien l’intégrer en prenant garde de ne pas confondre le caractère automatique d’une expression avec une réelle volonté de modifier les habitudes.

On pourrait donc dire que la vie en loge offre différentes trames de jeux symboliques ; chaque loge (en comprenant le mot « loge » comme la représentation d’un groupe à l’instant « t ») , et à l’intérieur de chaque loge, chaque frère ou sœur, est libre de s’investir dans cette démarche consciemment et en prenant garde de toujours garder une capacité d’évaluation et d’analyse.

En réalisant, à l’occasion des agapes, ou lors de réunions de comités, ou dans les séances de formation, des « re-briefing » , on peut replacer les tenues dans une meilleure compréhension de l’intérêt de ces jeux symboliques ; les échanges et commentaires sur les vécus de chacun-e dans les jeux symboliques des tenues sont des moments privilégiés qui peuvent être de merveilleux instants de partage !

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