Je voudrais partager avec vous un regard personnel sur mon évolution en tant que femme et dans mon rapport avec le processus initiatique.
Arrivée à un stade de la vie où je peux me permettre de prendre le temps de la réflexion, où j’ai du temps, il me parait important de comparer le déroulement de la vie profane avec le modèle que nous livre le rituel maçonnique dans ses trois premiers degrés.
Tout au long de notre vie, nous sommes amenées à un questionnement :
Qui suis-je ?
Quel est le sens de ma vie ?
Mes engagements sont-ils induits ou volontaires ?
Suis-je objet ou sujet ?
Quelle est ma place dans la société ?
De quoi ai-je peur ? Ai-je besoin d’être protégée ?
La souffrance est-elle une fatalité ou une façon d’apprécier le bonheur ?
Que vais-je devenir ?
Schématiquement, on peut diviser l’existence en sept stades :
La naissance
L’enfance
L’adolescence
L’âge adulte
La maturité
La vieillesse
La fin de vie
Mais trois grandes fonctions dominent notre existence :
L’apprentissage correspond à l’acquisition des connaissances pratiques, opératives ou intellectuelles ;
L’engagement, processus en relation avec les autres qu’il soit professionnel, amoureux, religieux, associatif, social ;
Et enfin l’acceptation, processus particulier qui permet d’acquérir une certaine distance face aux difficultés de l’existence.
Ces trois grandes fonctions ne forment pas obligatoirement une suite chronologique ; elles peuvent s’enchevêtrer.
Même si le temps de l’apprentissage est spécifique au début de la vie et que la fonction cognitive a tendance à s’émousser avec l’âge, il existe toujours une possibilité d’apprentissage !
L’engagement, lui, suppose un certain degré d’autonomie et de maturité mais on peut voir des enfants capables de s’engager et aussi des adultes incapables de le faire.
L’acceptation n’est pas toujours présente à l’âge où on l’attend.
Développons ces trois points :
L’apprentissage :
Il occupe la première période de la vie. Le premier apprentissage, c’est celui de la pensée symbolique dans sa relation avec les images maternelle et paternelle.
Qu’ils soient culturels et/ou religieux, nous sommes imprégnées par les mythes de notre milieu qui concernent :
La place du père ou de la mère
La réussite sociale
La succession familiale
La compétition
L’impuissance et le rejet
La soumission à l’autorité
La rébellion ou la marginalisation sociale.
Ces mythes vont conditionner l’enfant à acquérir les connaissances, pratiques, intellectuelles ou psychologiques, qu’on lui présente ou qu’il recherche.
Mais certaines études psychologiques ont montré que l’apprentissage de l’enfant ne pouvait être que progressif et lié aux capacités cognitives.
L’apprentissage peut prendre plusieurs formes :
de maître à élève
Par l’observation en particulier de la nature, des comportements,
Et aussi par le ressenti de l’expérience
L’apprentissage est un temps d’enrichissement et de liberté même si quelquefois les difficultés liées à un apprentissage inadapté peuvent induire de réelles souffrances.
L’importance des connaissances, nos choix plus ou moins conscients, des opportunités, un savoir toujours limité, influencent les conditions de notre existence pour communiquer, se réaliser, aimer, se distraire.
L’engagement :
C’est en s’engageant que l’adulte met en œuvre ses capacités acquises du fait de son capital génétique et de ses apprentissages, en assumant des relations parentales, en se réalisant au travail dans des relations sociales, en prenant des responsabilités, en exprimant sa personnalité par des choix de vie.
L’engagement entraine aussi des obligations. Si le temps de l’apprentissage est relativement enthousiasmant, l’engagement est rarement parfait; car il occasionne souvent des doutes, des frustrations, des déceptions et nous passons d’une existence rêvée à une existence réelle pas toujours en adéquation.
L’acceptation
L’acceptation est mise en exergue dans le bouddhisme comme une des conditions pour atteindre un niveau de conscience surnaturelle. Le bouddha a dit que le moyen de ne plus souffrir est de lâcher prise, de cesser de nous accrocher, de nous attacher. L'attachement étant un fort conditionnement.
En psychologie, on sait que l’acceptation est la condition d’une fin de vie apaisée.
En 1989, mon père, un père aimant auquel j’étais très attachée, fut terrassé par un Accident Vasculaire Cérébral qui le rendit aphasique et paralysé jusqu’à sa mort en 1975. Fille unique, cette période de ma vie a été bouleversante du point de vue moral et aussi matériel ; confrontée à un déménagement et à un changement de situation, j’ai du reprendre près de mon domicile un travail en maison de retraite médicalisée .
En 2005, au cours de mon expérience professionnelle, j’ai eu l’occasion lors d’une formation de lire un ouvrage écrit par Marie Claude Haumont, Praticienne en relation d'aide, « Le chemin de l’acceptation » ; je cite un passage :
" La clé de toute guérison passe par l’acceptation que ce soit d’un point de vue physique, psychique ou spirituel. "
Accepter c’est d’abord reconnaître ses difficultés;
Accepter, c’est ensuite ne pas les renier et ne pas aller contre;
Accepter c’est reconnaître sa responsabilité;
Accepter c’est prendre conscience que ce qui nous arrive fait partie de notre histoire et est, de ce fait, nécessaire à notre histoire;
Accepter c’est aussi déresponsabiliser les autres pour les torts qu’ils nous causent. Il ne s’agit pas de les excuser, il s’agit de les considérer seulement comme acteur de notre propre scénario.
L’acceptation doit être profondément ancrée au fond de soi et envahir tout l’espace. De ce fait, il n’y a plus de place pour les frustrations, les colères, les remords, les regrets et tout ce qui apporte la douleur. »
C’est avec émotion que j’évoque cette partie de ma vie ; mais aujourd’hui, je suis parmi vous et j’ai la chance de pouvoir continuer mon perfectionnement dans cette transformation.
J'ai dit ...
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