Un nouveau conseil de l'ordre du GODF
- Matéo Simoita
- 31 juil.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 août

Comme chaque année, suite au renouvellement du tiers de ses membres, un nouveau conseil de l'ordre se met en place pour gouverner la plus grande obédience maçonnique française.
Le Grand Orient de France offre dans ses loges toutes les facettes de la démarche maçonnique dans un éclectisme total : mixité ou non, presque tous les rites possibles et imaginables, en France et à l’étranger, en Français ou dans d’autres langues (anglais, espagnol, etc.), pour croyants et non croyants, etc.

Pour gouverner cette fédération de 1399 loges réparties à la surface du globe il y a un conseil d’administration (appelé conseil de l’ordre) qui gère un budget de près de 10 millions d’euros, composé de 37 conseillers élus au suffrage indirect par les 17 congrès régionaux.
Chaque année un tiers des membres du conseil de l’ordre est renouvelé (pour un mandat de 3 ans). Cette année 13 nouveaux élus vont prendre leurs fonctions à l’occasion du convent de Bordeaux de la fin août. Le nouveau conseil de 37 membres qui regroupe les anciens (mandats restant de 1 ou 2 années) et les nouveaux, aura en particulier à élire un nouveau grand maître ; le GM actuel Nicolas Pénin arrivant à la fin de son mandat de 3 ans au Conseil de l’Ordre dont 1 an comme Grand Maître, n’est plus éligible.
On peut d’ailleurs s’interroger sur la difficulté d’exercer la fonction de Grand Maître, mais aussi celle des vice-présidents pour une durée si courte sans assurance d’une réélection pour ceux qui accèdent à leurs fonctions en début de mandat. Ne pourrait-on pas imaginer que les présidents et vice-présidents voient leurs mandats automatiquement prolongés pour assumer trois années consécutives ? D’autres modalités pourraient aussi être trouvées pour aboutir au même résultat !
Un conseil de l’ordre du GODF, c’est 37 bénévoles qui ont décidé de consacrer une grande partie de leurs disponibilités pour participer au partage des tâches d’une organisation sociale qui s’étend sur toute la planète ; si la plupart des loges se trouve en France, de nombreuses loges du GODF existent aussi à l’étranger.

Que peut-on dire de ce nouveau conseil de l’ordre du GODF ?
D’un point de vue géographique, 25 viennent de province, deux des DOM-TOM, un d’un pays étranger et neuf de la région parisienne (ce fameux noyau parisien qu’on accuse parfois de faire la pluie et le beau temps rue Cadet)
Tous ont de très belles carrières professionnelles dans des domaines très variés. Le temps où les enseignants étaient majoritaires est révolu ! Aujourd’hui au conseil de l’ordre du GODF, ils sont minoritaires.
Tout d’abord, il faut noter la montée en puissance de la représentation féminine avec cette année quatre sœurs qui ont été élues et parmi elles deux sœurs d’origine chilienne anciennes réfugiées.
Une majorité de retraités : 22 retraités (dont 2 en cumul emploi retraite) et 15 actifs. Parmi les actifs, six fonctionnaires, cinq salariés, trois chefs d’entreprise et une profession libérale. Globalement on notera une majorité de fonctionnaires (retraités ou actifs).
Un conseil de l’ordre plutôt âgé : 32 de plus de 60 ans (dont 14 de plus de 70 ans)
Mais quand même deux « jeunes » dans la tranche des 40-50 ans !
Un conseil formé de têtes bien remplies, la plupart Bac+3 et plus mais à noter un frère ayant suivi une filière professionnelle. Parmi les plus diplômés, un agrégé, un médecin, 4 ingénieurs, deux doctorants et un HEC. Il est clair que bénéficier d’un tel panel n’est pas donné à toutes les organisations sociales !
Et cerise sur le gâteau, il y a même dans ce conseil de l’ordre un artiste !
En matière d’ancienneté maçonnique, la fourchette va de 15 à 45 ans d’ancienneté : 10 entre 15 et 19 ans, 12 entre 20 et 29, 15 entre 30 et 45 ans. La grande majorité a assuré le parcours classique : offices de la loge — > offices du congrès régional —> offices du convent et — > candidatures ay conseil de l’ordre !
Un conseil de l’ordre pour quoi faire ?
Pour se rendre compte de la diversité des tâches à réaliser il suffit de prendre connaissance des intitulés des fonctions principales :
Grand Maître, Président du Conseil de l’Ordre
Grand Maître Adjoint République, Laïcité et Éducation en charge du rayonnement des valeurs obédientielles
Grand Maître Adjoint Extériorisations en charge des questions sociétales
Grand Maître Adjoint Maçonnisme et en charge des relations avec les Juridictions
Grand Orateur
Grand Secrétaire aux Affaires Intérieures
Grand Secrétaire aux Affaires Intérieures Adjoint
Grand Secrétaire aux Affaires Extérieures
Grand Secrétaire aux Affaires Extérieures Adjoint
Grand Trésorier
Grand Trésorier Adjoint
Garde des Sceaux et du Timbre
Grand Hospitalier
…et aussi des fonctions des GRANDS OFFICIERS DÉLÉGUÉS
à la gestion et la programmation immobilière
en charge de la « fabrique d’idées »
à la vie obédientielle et aux candidatures
aux solidarités et pauvreté
à la Laïcité et à la commémoration de la loi de 1905
à la Jeunesse et à la vie étudiante
en charge d’une réflexion sur l’amélioration du fonctionnement de l’Obédience, et sur le renouvellement et l’attrition de ses membres
A la Mémoire et aux Valeurs de la République
aux Amériques et Caraïbes
à la réflexion sur la démocratie et les libertés Aziz HADI à l’Immobilier, à la rénovation des bâtiments et à la SCI Cadet International
à la vie obédientielle et aux commissions nationales
auprès du Grand Maître en charge de la prospective et de la coordination obédientielle
à la réflexion sur la fin de vie, à la santé et aux droits des femmes et des enfants
à l’Europe
à la culture, au musée, aux archives et à la bibliothèque
à la réflexion sur la place du sport dans la société
à la vie obédientielle et à l’animation régionale
Des contraintes à prendre en compte
Comme on l’imagine, il y a de grandes questions politiques et philosophiques et aussi des questions de gestion en particulier immobilière et des ressources humaines.
Plus grande obédience libérale francophone, mais aussi obédience phare reconnue dans de nombreuses régions du globe, le Grand Orient de France fonctionne sur deux axes principaux :
le convent annuel : les décisions conventuelles votées fixent des objectifs et des priorités
le conseil de l’ordre : il met en œuvre les décisions conventuelles !

Le convent 2025 se déroulera à Bordeaux fin août et de ses travaux dépendra la feuille de route du prochain conseil de l’ordre.
On a coutume de reprocher au GODF son engagement sur des questions de société et en particulier sa vigilance quand au respect de « la discrétion » du pouvoir religieux dans la gestion des affaires publiques. Mais en réalité, l’histoire récente prouve bien que ce sujet fondamental est toujours d’actualités ! Les pouvoirs religieux ont une propension à vouloir imposer leurs dogmes à des sociétés multiculturelles qui évoluent vers une reconnaissance de la non-croyance ! Que cela soit les évangélistes avec Donald Trump ou les islamistes extrémistes iraniens, sans parler de l’appropriation d’une laïcité dévoyée par le Rassemblement National, il y a matière à s’inquiéter d’une éventuelle incompréhension du caractère bienveillant pour tous du principe de laïcité.
L’unité de la famille maçonnique au sens large en France, en Europe et dans le Monde est aussi un sujet de réflexion qui exige diplomatie et bienveillance afin de réaliser une unité qui ne soit pas vécue comme sectaire et dirigiste. Le temps est peut-être venu d’imaginer un renforcement des liens entre les différentes obédiences européennes et mondiales. Saluons à ce propos le travail réalisé par la commission conventuelle « Fraternités européennes ».
Que l’on soit maçon (ne) ou non, nous pouvons être fiers de l’administration du GODF qui fonctionne dans l’ombre sous l’autorité d’une personnalité dont on parle peu mais qui assume tous les problèmes quotidiens pouvant survenir entre l’obédience et les loges.
La question de la présidence de ce nouveau conseil se pose naturellement car il est clair que le profil idéal varie selon les différentes sensibilités.
Un homme, une femme ? Un « jeune » ambitieux, ou un vieux « has been » ? Un réformiste convaincu ou un conservateur camouflé derrière une dialectique somnolente ? Un-e « symbolique » ou un-e sociétal-e» ? Un-e gestionnaire rigoureux (se) ou un-e laxiste dépensier-e ?
Tant de questions qui trouveront réponse fin août !
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