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Histoire de la Franc-Maçonnerie : les événements marquants

Dernière mise à jour : 10 mai



L'histoire, une base de connaissances pour comprendre l'évolution des idées


Comme l'a écrit André Gide ( "Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n'y projetait déjà une histoire." - 1932), notre passé nous conditionne.


Il faut donc connaître notre historicité pour appréhender notre condition. Contrairement à d'autres domaines, l'histoire de la franc-maçonnerie a longtemps été incomplète ; peu de documents fiables, la difficulté pour explorer ceux qui existent, l'absence d'historiens de qualité s'impliquant dans cette recherche, expliquent cet état de fait. Cependant depuis la dernière guerre, la rigueur méthodologique et la volonté de disposer de sources incontestables a aboutit à la production d'études importantes.

Il est très difficile d'être juge et partie et en l’occurrence d'être franc-maçon et historien. Très vite, l'affectivité offre un biais qui peut jouer comme une autocensure.

Malgré cela, il est possible aujourd'hui d'avoir une approche plus exacte du déroulement des faits.


L'histoire de la franc-maçonnerie : simple, compliquée et douloureuse :

- simple si on se réfère aux dates et aux faits dont on a une trace dans des documents fiables et si on garde à l'esprit que d'une certaine manière le contenu maçonnique est un syncrétisme d'apports divers avec une importance particulière pour les références bibliques.

- compliquée si on prend en compte les légendes , les mythes , les similitudes et ces fameuses interprétations qui ont fait florès et qu'on a parfois (trop) tendance à prendre pour des vérités ;

- douloureuse car comme toute histoire humaine, les sentiments et les déclarations d'intention ne résistent pas à des engagements plus prosaïques avec des querelles de clochers et des coups bas peu ragoûtants.

Historiquement, la franc-maçonnerie est une création anglaise.

On sait maintenant et cela grâce aux grands historiens de la Franc-Maçonnerie (en particulier Harry Carr, le célèbre historien anglais, André Combes, Roger Dachez et André Doré qui ont su cultiver la rigueur scientifique de leur art) que l'émergence de la franc-maçonnerie eut lieu en Grande Bretagne, essentiellement en Angleterre et aussi en Ecosse ; cette création se fit à partir d'une mutation des organisations compagnonniques (le terme de freemason prend son origine dans les associations compagnonniques anglaises des tailleurs de pierre) . Cette "mutation" se fit progressivement au XVIIème siècle, à partir de la création des maçons acceptés (qui n'étaient pas du métier des tailleurs de pierre) pour apparaître au grand jour au début du XVIIIème. (Voir ci-dessous une contribution de notre frère Nadim Michel KALIFE qui explique les raisons de cette origine anglaise)

Cette origine anglaise ne doit jamais être oubliée car elle permet de comprendre l'originalité sociologique de la franc-maçonnerie : tout s'est passé comme si le développement de la franc-maçonnerie avait été rendu possible grâce à l'alliance de la bourgeoisie et de l'aristocratie anglaises. Ce lien a permis à la Franc-Maçonnerie d'être reconnue commue Institution.

Cette création est marquée par un contexte particulier qui a beaucoup influencé l'ordre maçonnique et que l'on retrouve encore aujourd'hui :

  • la déstabilisation de la société anglaise du XVIIème siècle avec une tentative de rejet de l'aristocratie,

  • l'influence d'une élite intellectuelle marquée par le réformisme protestant,

  • la volonté de réaliser un rapprochement entre l'aristocratie et la bourgeoisie.

Cette origine anglaise explique aussi qu'aujourd'hui la grande majorité des francs-maçons du monde est anglo-saxonne.

A partir de cette spécificité anglaise, l'extension des loges dans les autres parties du monde fut possible grâce, essentiellement, à deux éléments que l'on retrouvera toujours :

  • Une certaine alliance entre la bourgeoisie, l'intelligentsia et l'aristocratie

  • Un attrait pour un "libertinage" religieux qui autorise un certain éclectisme.

La France, et c'est une réalité assez rare, acceptera cette création anglaise en essayant de lui donner une spécificité française. Celle-ci prit plusieurs formes mais après la Belgique, qui en fut l'initiatrice, l'originalité française est en lien avec la liberté de conscience qui permit la présence des agnostiques, des juifs et des non-croyants dans les loges .

Il n'est pas le lieu de faire une présentation exhaustive de toute l'histoire de la franc-maçonnerie (histoire des obédiences, celle des acteurs quand leurs actes ont été motivés par leur appartenance maçonnique, histoire aussi des faits en rapport avec la franc-maçonnerie).

Vous trouverez dans ces pages une chronologie (empruntée à un texte de Jean-Loup Cadet-Tuyère avec des ajouts émanant de sources différentes) et des articles plus ciblés sur certaines périodes.



Bbliographie :


- " Histoire du Droit Humain dans l'Est de la France" - publié en 2022

- " Kadosh – francs-maçons templiers – CKS"

 

Chronologie des faits marquants

926 : Charte des maçons d'York.

1015 : création de la loge des tailleurs de pierre de la cathédrale de Strasbourg.

1110 : premières guildes anglaises de métiers.

1189 : le 11 février, le Concile de Rouen, condamne, en raison du danger de parjure, les confréries dont les membres promettent de se porter secours mutuellement.

1390 : Le manuscrit Halliwell dit Regius : premier document connu attestant les devoirs des compagnons découvert en Angleterre - Texte en moyen anglais avec l'incipit et les interlignes en latin.

1642 : année des plus anciens documents existants de la Loge de Mother Kilwinning (Ecosse).

En 1649, Henriette d’Angleterre, fille d'Henri IV et de Marie de Médicis, veuve de Charles Ier, se réfugie à Saint-Germain-en-Laye avec des officiers écossais et irlandais.

1660 : Création de la Royal Society à Londres , société savante , qui prendra avec Isaac Newton un rôle fondamental dans la création de la première Grande Loge d'Angleterre ;

1685 : Le 18 octobre , révocation de l'Édit de Nantes.

1688 : Jacques II Stuart, chassé du trône d’Angleterre par son gendre Guillaume d’Orange s’exile à Saint-Germain-en-Laye.

1717 : le 24 juin (cette date est contestée par les historiens) , jour de la Saint-Jean-Baptiste, création de la Grande Loge de Londres et de Westminster, par quatre loges (L'Oie et le Grill, La Couronne, Le Pommier, Le Gobelet et les Raisins)avec Jean-Théophile Désaguliers et James Anderson.

1723 : Parution des Constitutions (The Constitutions of the Free-Masons), rédigées par James Anderson.

1728 : Les francs-maçons français reconnaissent un "grand maître des francs-maçons en France" en la personne de Philippe, Duc de Wharton.

1738 : Les loges françaises constituent la Grande Loge de France.

Le 24 juin, le duc d’Antin (Louis de Pardaillan de Gondrin) est proclamé Grand Maître général et perpétuel des Maçons dans le Royaume de France.

1745 : Bordeaux, création de la Loge Ecossaise par Etienne Morin.

1751 : 24 juin - Allemagne, fondation par le baron Karl Gotthelf von Hund und Altengrottkau de la Stricte Observance qui insiste sur les origines templièresde la franc-maçonnerie.

1753 : Le soyeux lyonnais, Jean-Baptiste Willermoz, fonde la loge de la Parfaite Amitié. Il jouera en 1760 un grand rôle dans la formation de la Grande loge des Maîtres réguliers de Lyon, dont il deviendra le grand maître.

1773 : La Grande Loge de France devient le Grand Orient de France : Le 26 juin les loges, réunies en Grande Loge Nationale, adoptent les statuts de l’Ordre royal de la franc-maçonnerie connu sous le nom de Grand Orient de France.

1776 : Le 1er mai, Adam Weishaupt (juif ashkénaze converti au catholicisme qui étudia chez les jésuites) et le baron Adolf von Knigge, franc-maçon depuis 1773, fondent la société secrète des Perfectibilistes qui deviendra l'Ordre Secret des Illuminés (lluminati) Germaniques, les Illuminés de Bavière.

1782 : Sous la direction du Duc de Brunswick, le Grand Convent Général de la Franc-Maçonnerie à Wilhemsbad reconnaît le Rite écossais Rectifié, système maçonnique (créé par Willermoz en 1778).

1786 : Le Grand Orient adopte le Rite français en 7 degrés : le modèle est fixé pour les trois premiers degrés en loge bleue qui connaissent une forte influence anglaise en distinction toujours des rites écossais.

1788 : création par le célèbre "aventurier" Joseph Balsamo dit Alessandro Cagliostro, d'un rite de la haute maçonnerie égyptienne.

1791 : Le 24 juin, les francs-maçons noirs américains, réunis à Boston, constituent l'African Grand Lodge of North America ; Prince Hall (mulâtre né d'un marchand de cuir anglais et d'une esclave affranchie venue des colonies françaises, et initié en 1775 au sein de la Military Lodge 441 attachée à l'armée britannique stationnant à Boston) est élu grand-maître à l'unanimité ; il le restera jusqu'à sa mort en 1807.

1804 :

- 27 novembre, Joseph Bonaparte (initié à la loge La Parfaite Sincérité de Marseille) est Grand Maître du Grand Orient et son frère cadet Louis Bonaparte est Grand-Maître adjoint.

- création du Suprême Conseil de France qui sera à l'origine de la création de la Grande Loge de France en 1894 ;

1809 : Charles XIII, roi de Suède de 1809 à 1818, crée l'Ordre qui porte son nom.

1815 : Création à Paris du Rite de Misraïm par les frères Marc, Michel et Joseph Bédarride, membres de l'armée impériale de retour d'Italie.

1837 : Création du rite de Memphis par Jean Étienne Marconis de Nègre

1839 : Paris, Agricol Perdiguier, compagnon menuisier dit Avignonnais la vertu, publie le Livre du compagnonnage par lequel il veut réconcilier les trois rites concurrents.

1849 :13 avril, première Constitution du Grand Orient de France : la franc-maçonnerie, "institution éminemment philanthropique, philosophique et progressive, a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme". Le Grand Orient adopte pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

1852 : la grande maîtrise du Grand Orient est confiée àLucien Murat : Celui-ci achète l'hôtel de la rue Cadet.

1862 : 11 janvier, Napoléon III, promeut Grand Maître du Grand Orient le général Magnan.

1877 : Le convent de septembre du Grand Orient de France adopte un vœu présenté par Frédéric Desmons qui modifie l’article 1er de sa constitution qui imposait la croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme, le nouvel article est ainsi rédigé :

"La franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l’exercice de la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n’exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité".

En conséquence :

  • L’invocation au Grand Architecte de l’Univers n’est plus obligatoire ainsi que la présence de la Bible sur l’autel.

  • Chaque loge agit comme elle le souhaite.

  • Le Grand Orient de France est condamné par la Grande Loge de Londres qui l’exclut de l’ordre maçonnique.

1880 : 12 février, création de la Grande Loge Symbolique Ecossaise qui disparut vers 1911 ; cette obédience créée à partir d'une scission du Suprême Conseil de France acceptait des personnalités libertaires ; c'est dans leurs loges que les premières femmes furent initiées.

1881 : Septembre, fondation par Garibaldi du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm réunissant le Rite de Misraïm constitué en 1788 par Cagliostro et le Rite de Memphis constitué en 1815 par des frères ayant suivi Napoléon en Égypte. Initié à Montevideo en 1844 à la loge L'Asile de la Vertu, Garibaldi était membre de la loge Les Amis de la Patrie au Grand Orient de France.

1891 : Fondation de l’ordre Martiniste par Gérard Encausse dit Papus et Augustin Chaboseau. L’ordre revendique l'héritage initiatique de Louis-Claude de Saint-Martin, disciple de Martinès de Pasqually le fondateur des Élus-Cohens (Hauts grades maçonniques), et se propose de perpétuer l’ésotérisme judéo-chrétien.

1893 : 4 avril, Georges Martin et Maria Deraismes fondent, à Paris, la Grande Loge Symbolique Écossaise, Le Droit Humain, ordre maçonnique mixte international, proche du Grand Orient de France bien qu’ayant choisi le rite écossais.

1894 :

- 29 septembre, fondation à Rome de l'Union antimaçonnique universelle ;

- 7 novembre : création de la Grande Loge de France, émanation du Suprême conseil de France ;

1901 : Les socialistes lèvent l'interdit qui, auparavant, frappait la franc-maçonnerie. Le Grand Orient joue un rôle déterminant dans la fondation du parti républicain radical et radical-socialiste.

1902 : 19 mars - Léon XIII condamne la franc-maçonnerie (lettre apostolique Annum ingressi).

1903 : 1er janvier : création du Bureau International de Relations Maçonniques (BIRM) par la Grande Loge Suisse Alpina ; ce BIRM cessera de fonctionner en 1920 (voir un article à son sujet sur le site Si Fodieris Invenies )

1904 : Affaire des fiches : le gouvernement d'Émile Combes(docteur en théologie, ex-séminariste, anticlérical, initié en 1869 à la Loge Les Amis Réunis de Barbezieux) va se faire communiquer des fiches sur lesquelles est mentionné le zèle républicain des fonctionnaires, et des militaires en particulier. Le Grand Orient de France participe à l'élaboration des fichiers bien que de nombreux Frères refusent d'établir ces listes qui ne comportent pas moins de 20.000 noms.

Le scandale éclate lorsque Bidegain, secrétaire au Grand Orient, vend une copie des fichiers au Figaro qui les publie.

Combes, président du Conseil, démissionne le 18 janvier 1905 ; son successeur, Maurice Rouvier, est élu le 24 janvier.

1913 : 5 octobre, la Loge Le Centre des Amis et la Loge Anglaise 204 quittent le Grand Orient et s'érigent en Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies reconnue par la Grande Loge Unie d'Angleterre comme la seule obédience régulière pour la France.

1934 : L’affaire Stavisky rejaillit sur la Maçonnerie : 3.000 maçons démissionnent.

1938 : Le texte d'Arthur Groussier pour un retour aux sources symboliques du Rite Français est adopté par le Grand Orient (1955 marquera un début de retour du symbolisme dans le rituel du Grand Orient sous le nom de "rite français dit Groussier").

1940 :

- Le 7 avril 1940, Arthur Groussier adresse une lettre au Maréchal Pétain pour "respectueusement" prendre la défense du Grand Orient. Cette lettre lui sera contestée à la Libération.

- Le 7 août, Arthur Groussier, président du Grand conseil de l’ordre du Grand Orient annonce la dissolution volontaire de celui-ci.

- Le 14 août, une loi interdit les sociétés secrètes, les loges sont dissoutes, leurs biens et archives saisis.

1941 : 11 août - une loi ordonne l’expulsion des francs-maçons de la fonction publique et la publication au Journal Officiel des noms des dignitaires (540 fusillés, 989 déportés).

1945 : 21 octobre : la Soeur Gentily fonde l’Union Maçonnique Féminine de France (qui deviendra, en 1952, la Grande Loge Féminine de France).

1948 : La Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies prend le nom de Grande Loge Nationale Française (GLNF)

1952 :

- L’Union Maçonnique Féminine de France devient la Grande Loge Féminine de France.

- Fondation de l’ordre Martiniste de Philippe Encausse.

1954 :

- La Grande Loge de France rétablit l'obligation pour ses loges de travailler en présence d'une Bible ouverte sous l’équerre et le compas ; quelques loges lisent les premiers versets de l’évangile de Jean auquel elle est souvent ouverte, sans aucune obligation.

- 5 décembre 1954 : France, réveil de la Grande Loge du Régime Rectifié.

1958 : 2 octobre : suite à une scission au sein de la G.L.N.F., fondation de la « Grande Loge nationale française - Opéra » qui deviendra en 1982, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra.

1960 : Robert Ambelain prend le contrôle de la Grande Loge Française du Rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm.

1961 : 22 janvier : création du Centre de liaison et d’information des puissances maçonniques signataires de l’appel de Strasbourg (CLIPSAS) qui fédère des obédiences "libérales" désireuses de préserver leurs spécificités face aux obédiences anglo-saxonnes "dogmatiques".

1964 : Scission à la Grande Loge de France : 600 frères rejoignent la Grande Loge Nationale de France.

1965 : Création de la Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm,

1968 : 26 avril - Fondation de la Loge Nationale Française.

1973 : Février, fondation de la Grande Loge Mixte Universelle issue d'une scission du Droit Humain.

1974 : Janvier, fondation de l’Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal.

1976 : Fondation de la Grande Loge Indépendante et Souveraine des Rites Unis par René-Jacques Martin.

1981 : 10 Janvier, le Grand Maître Robert Ambelain crée la Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm.

1982 :

- 18 juin, Londres, Roberto Calvi, membre de la loge Propaganda Massonica Due (P2) dirigée par le Grand-Maître Licio Gelli (exclu du Grand Orient d'Italie en 1981), et président de Banco Ambrosiano dont la banque du Vatican (IOR) est devenu l'actionnaire majoritaire, est retrouvé pendu sous le pont de Blackfriars Bridge.

- 18 décembre, fondation de la Grande Loge Mixte de France (scission de la Grande Loge Mixte Universelle).

1984 :

- Octobre : fondation de la Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm, issue des loges Hator (1965) et Le Delta (1971). La soeur Julienne Bleier est nommée Grande Maîtresse Internationale et Grande Maîtresse pour la France. C'est la seule Obédience Egyptienne que le Grand Orient de France reconnaît officiellement.

1996 : Mai, création de l’Association maçonnique intercontinentale libérale.

1997 : Mai, création de la Grande Loge Mixte de Memphis-Misraïm

1998 : création de la Grande Loge Symbolique de France, qui comprend des loges masculines, féminines et mixtes, (utilise le rite de Memphis-Misraïm)

2003 :

- Octobre : création de la Grande Loge des cultures et de la spiritualité (GLCS), obédience mixte, à partir d'une scission de la GLNF ;

- En novembre, fondation à Nice de la Grande Loge Traditionnelle et Moderne de France (GLTMF).

2005 : La Déclaration de principes du Grand Prieuré des Gaules (Ordre des Chevaliers Maçons Chrétiens de France) est adoptée le 30 avril .

2006 : 9 septembre, la Grande Loge Féminine de France (GLFF), principale obédience féminine, accueille une "cérémonie de présentation" d'un couple de femmes homosexuelles, en présence de délégations de la GLFF et de représentants d'autres obédiences maçonniques ainsi que de la Fraternelle des enfants de Cambacérès, groupement réunissant des francs-maçons homosexuels de toutes obédiences (AFP).

2010 : Le 2 septembre, réunis en convent à Vichy (Allier), 1.200 représentants des loges du Grand Orient votent, à la majorité de 51,5%, que "ne peut plus être refusé qui que ce soit dans l'obédience pour quelque discrimination que ce soit, y compris de sexe".

2011 :

- Le 19 février, un collège de grands officiers installateurs de la Grande Loge unie d'Angleterre, des Grandes Loges unies d'Allemagne et de la Grande Loge nationale française, installe la Grande Loge nationale régulière de la principauté de Monaco (GLNRPM). Jean-Pierre Pastor, consul de Monaco à La Havane, en est le grand maître,

- Le 3 décembre, crise à la Grande Loge nationale de France (GLNF) contre le Grand Maître François Stifani.

2012 :

- avril : création de la Grande Loge de l'Alliance Maçonnique Française, à partir d'une scission de la GLNF ;

- 23 juin, à Aix-en-Provence, constitution de la Grande Loge Traditionnelle de France .

2014 : création de la grande loge traditionnelle initiatique (GLTI), mixte et travaillant au rite de Memphis-Misraïm

2017 : création de la Grande Loge féminine Initiatique francophone ( GLFIF) scission de la Grande Loge Féminine de France : 1ère Présidente Marie-Claude BATIER


2020 : Création de la Grande Loge de l'Europe et de la Méditerrannée avec comme premier Grand Maître, Jérôme Touzalin, dramaturge et homme de lettres.

NDLR : n'hésitez pas à nous signaler des erreurs, des manquements ou des imprécisions.



POURQUOI ET COMMENT

LA FRANC MAÇONNERIE EST NÉE EN ANGLETERRE ?



La Franc-maçonnerie dite "spéculative" ( un anglicisme signifiant "philosophique", composé par l’esprit) est cette grande école de pensée, constituée à Londres en 1717 puis réglementée en 1723 à travers les 1ères Constitutions d’Anderson, et qui se voulait être « le centre de l'union d'hommes de bien et loyaux » ayant pour but de contribuer au bien-être de l’humanité, en recherchant la vérité de toute chose dans un cadre de tolérance générale et de liberté de conscience en vue de promouvoir la fraternité universelle.



LA PENSEE PHILOSOPHIQUE FIGEE DU MOYEN AGE EUROPEEN


Au Moyen Age, l'esprit européen était dompté par la pensée unique des Pères de l'Eglise. Tout l’art médiéval et toute méditation de l’esprit ne pouvaient servir qu’à consacrer la même Foi, consacrée à la seule glorification de Dieu en Christ. Toute la pensée philosophique était alors limitée à se conforter dans les préceptes des Saintes Ecritures, considérées comme la révélation divine de la seule Vérité qui puisse exister. La raison devait donc toujours servir une Foi unique, contrôlée par la Papauté romaine.


Néanmoins, au XIII° siècle, par suite des nombreuses traductions en latin (qui était la langue commune européenne de publication jusqu’au XVII° siècle) d’ouvrages traitant de la pensée d’Aristote, lus et appréciés par les doctes religieux de l'époque, il s'était posé le souci d’harmoniser cette nouvelle pensée, très enrichissante mais profane, avec celle des Pères de l’Eglise.


C'est alors que le plus grand théologien de l'église romaine, Saint Thomas d’Aquin (1226-1274), réussit à intégrer la rationalité aristotélicienne dans sa fameuse "Somme théologique" qui sert encore de nos jours à définir la théologie de l’Eglise catholique. Il y adapte notamment la distinction aristotélicienne entre l’essence et l’existence, pour soutenir qu’en Dieu seul l’essence se trouve incluse dans l’existence, alors que c’est l’intervention de Dieu dans l’essence de l’homme qui justifie l’existence de celui-ci. Cela permit à la scolastique thomiste de dépasser le raisonnement de Saint Augustin (354-430), qui avait soumis la raison au service de la Foi. De la sorte, la philosophie profane d’Aristote fut, elle, récupérée pour devenir la servante de la théologie chrétienne.



Néanmoins, le doute intellectuel demeurait toujours condamnable par l'orthodoxie catholique romaine, à travers les interrogatoires de l’Inquisition ou bien par la mise à l'Index des ouvrages à philosophie douteuse à partir du XVI° siècle. Il y avait donc toujours une menace sur la progression de la philosophie sous l’œil inquisitoire de Rome. Aussi, l'Angleterre, en devenant anglicane en 1534, bénéficiera t elle d’une certaine indépendance idéologique pour ses penseurs, à la différence de la France, d’où même Descartes avait dû la fuir en 1637 pour se réfugier en Hollande, pays protestant et tolérant, à la suite de la mise à l’Index de son ouvrage "Discours de la méthode" qui prône le "doute systématique".



L’EXCEPTION ANGLAISE ET LE STATUT PARTICULIER DE L'UNIVERSITE D'OXFORD


Une exception culturelle anodine avait marqué la genèse de la pensée anglaise dès le lendemain de sa conquête par Guillaume le Conquérant : c’est l’arrivée des premiers Juifs qui accompagnaient le Duc de Normandie. Parmi eux, en 1073, se trouvait un astronome, Pedro Alfonso, qui va pratiquer ses recherches sans être soumis à la censure ecclésiastique chrétienne qui contrôlait toutes les sciences de l’époque. Et Pedro Alfonso, non chrétien, introduira dans le jeune royaume d’Angleterre, une nouvelle tradition de recherche scientifique, débarrassée du carcan de la conception ptoléméenne du monde, datant du II° siècle et plaçant la Terre au centre du monde, sous un ciel fermé dans une demi coque abritant les astres fixes des étoiles, et où seuls le Soleil et la Lune tournaient autour de la Terre. Il inaugura une nouvelle façon de penser l'astronomie avec des instruments de mesure et des calculs mathématiques.



Cela permit au siècle suivant (XII°), notamment à Robert Grosseteste, d’appliquer les mathématiques à toutes les sciences de la nature tout en y pratiquant l’observation et l’expérimentation pour tester les hypothèses avancées. L’empirisme venait donc de naître dans la recherche anglaise.


Cet empirisme naissant se trouvera renforcé, au XIII° siècle, par les travaux pratiques du moine franciscain anglais, Roger Bacon (1214-1294), l'un des esprits les plus éclairés du Moyen âge, considéré comme l’ancêtre de la science expérimentale, auteur de plusieurs ouvrages sur l'optique (qui servait l'astronomie, base des sciences modernes) et sur ses découvertes chimiques parmi lesquelles la formule de la poudre. Aussi, sa phrase mémorable en dit elle long sur son apport méthodologique : « La preuve par le raisonnement ne suffit pas, il faut en plus l’expérimentation ».



En ce même XIII° siècle où l'on consacrait la philosophie thomiste à Rome, le moine Franciscain Duns Scot (1265-1308) professait en Angleterre comment distinguer le domaine de la foi, non soumis au raisonnement dialectique, du domaine profane qui doit bénéficier de réponses sans mystères.


Au XIV° siècle, un autre moine Franciscain anglais, William of Occam (1285-1347), s’opposa avec force à ce que le Pape s’immisce dans les affaires temporelles. Il prêchait de séparer le domaine de la foi des autres domaines humains, où il suffit d’user du bon sens pour décider du bon choix.


Enfin, faut il rappeler que l’esprit revendicatif de libertés individuelles s’était affirmé très tôt en Angleterre, dès la « Grande Charte » de 1215 par laquelle Jean Sans Terre reconnut à la noblesse le droit de s'opposer à toute nouvelle levée d'impôts sans leur consultation préalable.


Toute cette avancée méthodologique de la pensée anglaise va prédisposer l'Université d'Oxford, dès sa création au XIII° siècle, et avant même la réforme de l'Eglise anglicane en 1534 qui affranchira définitivement la politique anglaise des pressions de l'Inquisition, à accueillir bien avant les autres pays du continent européen, tous les ouvrages de l’Antiquité et de la civilisation arabe qui étaient censurés par l'Eglise. L’Université d'Oxford était ainsi devenue, très tôt, le plus grand centre européen de recherche, annonçant l’éclosion future en son sein de la révolution scientifique newtonienne ainsi que les grandes inventions mécaniques qui accoucheront de la révolution industrielle au XVIII° siècle en contribuant à la suprématie économique de l'Angleterre sur le reste du monde.



L’APPORT DE « L’ACADEMIE » DE FLORENCE A LA PENSEE DE LA RENAISSANCE



Alors qu’au niveau européen l’enseignement et la diffusion des idées nouvelles étaient sévèrement contrôlés et soumis à l’Inquisition, il s’est trouvé que, à la faveur du Concile de réconciliation des 2 Eglises d’Orient et d’Occident, réunies à Florence en 1439 aux frais du grand mécène Cosme de Médicis, ce dernier obtint du Pape l'autorisation de libre circulation des ouvrages grecs, notamment de Platon, des néo-platoniciens et d’autres auteurs de philosophie hermétique jusque là interdits. Et il en profita pour créer aussitôt à Florence, avec l’aide de l’érudit Grec Pléthon, une "Academia" sur le modèle de Platon. Celle-ci sera dirigée par Marsile Ficin (1433-1499), qui traduira tous les auteurs de l’Antiquité grecque enseignant l'union de l'âme humaine avec Dieu par la contemplation et l'extase.


L'apogée de cette "Academia" fut atteint avec un philosophe de génie, Pic de la Mirandole (1463-1494), mort empoisonné probablement pour avoir puisé dans l’astrologie et la Kabbale sa science de la « Magie Naturelle », qui allait bouleverser la pensée unique et l’ordre établi et cautionné par l’Eglise en cherchant à réaliser le bonheur de l’homme sur Terre. En effet, sa Théorie de la « Magie Blanche » avait pour résultat d’offrir à l'homme, désormais libre de ses choix, la capacité de manipuler les secrets de la Nature, dont les lois occultes pouvaient être redécouvertes grâce à des recherches ésotériques antiques et païennes ainsi que des travaux kabbalistiques, le tout étant proscrit par Rome.


Il faut bien avoir présent à l'esprit que ces « sciences » antiques et occultes représentaient une nouveauté extraordinaire pour les intellectuels du Quattrocento, les qualifiaient de connaissances « magiques » de la nature parce que la science moderne n’était pas encore née. Cela offrait à l’homme de redécouvrir les lois de la Nature, et qui lui avaient été cachées depuis sa déchéance par le péché. Il pouvait désormais étudier les textes « anciens », comme sources de cette connaissance primordiale, datant d’avant le Déluge.


Mais, pour y prétendre, il fallait une illumination de l'esprit qui ne pouvait être obtenue qu’après sa purification grâce à une discipline d'extase et de contemplation, à laquelle seule une élite, les « Mages », pouvait accéder. En effet, si Dieu, maître de l'univers, avait fait en sorte d'en cacher les secrets, c'était bien pour ne plus les divulguer aux impurs : il usa alors de symboles et d’hiéroglyphes qui ne sont accessibles à la compréhension humaine que par méditation et mysticisme.


La Renaissance italienne avait ainsi découvert la clé de la connaissance ultime dans « l'unité primordiale » de l'homme avec Dieu. C'est ce qu'on appela le mouvement "hermétique", issu des ouvrages d’Hermès Trismégiste (càd 3 fois puissant), qui aurait transmis l’enseignement des « sciences » à une élite de l'Antiquité égyptienne pour perpétuer le savoir issu de Dieu. Et la connaissance de ces mystères divins fut alors assimilée à la « Magie Blanche ou Naturelle ».

Il faut ici retenir que cette interprétation ésotérique corroborait la légende biblique de la colonne de marbre retrouvée par Hermès après le Déluge, sur laquelle étaient gravés les 7 Arts libéraux, somme de tout le savoir de l'humanité, et que les maçons du Moyen âge étudiaient à travers leurs "Anciens Devoirs" ou "Old charges". C’est ce qui leur donnait une très haute idée d'eux-mêmes, s'estimant les héritiers de la « Connaissance » des Temps Anciens, les amenant à sévèrement réglementer l'entrée dans leur métier en le protégeant par "le Mot de Maçon" tenu secret.