On peut distinguer trois types d'engagements pour un/une franc-maçon/franc-maçonne :
Les engagements obligatoires
Les engagements recommandés
Les engagements dans la cité
Dans la plupart des obédiences, il y a deux engagements obligatoires :
L'assiduité (ou présence)
Le paiement de la capitation (ou cotisation ) et des charges
Ces obligations peuvent parfois donner lieu à des interprétations adaptées à des situations particulières ; mais si elles ne sont pas remplies, cela peut conduire à une radiation de la loge et aussi de l'obédience.
Les engagements recommandés concernent le soutien aux sœurs et frères en difficultés soit sous une forme anonyme collective soit de façon directe ; ce peut être un engagement moral, affectif et ou matériel. Cela peut concerner des membres de sa loge ou des membres d'autres loges voire des loges d'autres pays.
L'engagement dans la cité concerne la participation des sœurs et des frères sur un plan social, caritatif et/ou humanitaire.
On peut distinguer deux grandes formas d'engagement dans la cité :
L'engagement désintéressé constituant un don de soi, par la connaissance ou par le soutien financier,
L'engagement participant à une recherche d'intérêt soit professionnel, associatif, politique ou mercantile. Il est plus fréquent que l'on croit et peut parfois être mal compris.
L'engagement désintéressé s'exprime de différentes manières et en particulier par :
L'engagement individuel sans indication d'appartenance maçonnique ; il est parfois difficile à distinguer d'un engagement humaniste n'ayant pas une relation directe avec la démarche maçonnique.
L'engagement collectif avec indication d'une appartenance maçonnique comme par exemple les dons effectués à la fondation du Grand Orient de France qui donneront lieu à une attribution à un organisme profane au nom de l'oeuvre maçonnique.
L'engagement collectif sans indication d'une appartenance maçonnique ; c'est le cas lorsque l'organisme qui collecte les dons des soeurs et des frères n'a pas un intitulé indiquant son appartenance maçonnique.
L'engagement humanitaire.
Dans certains pays, l'engagement maçonnique est essentiellement associé au soutien d'œuvres sociales, caritatives ou de solidarité. Avoir une "fibre" humanitaire est donc naturel pour les francs-maçonnes et les francs-maçons.
Qu’en est-il de la pauvreté dans le monde aujourd’hui ?
L’Organisation Mondiale de la Santé a publié une étude sur l’espérance de vie dans le monde. Celle-ci a augmenté de cinq ans entre 2000 et 2015, grâce, notamment, aux progrès enregistrés en Afrique dans la lutte contre le sida et le paludisme. Il s’agit de la hausse la plus rapide depuis les années 1960.
L’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années en bonne santé qu’un enfant né en 2015 peut s’attendre à vivre, est de 63,1 ans au niveau mondial (64,6 ans pour les femmes et 61,5 ans pour les hommes). Cette amélioration globale n’est pas uniforme : Le rapport montre que les nouveau-nés dans 29 pays, tous à haut revenu, ont une espérance de vie moyenne d’au moins 80 ans tandis que, dans 22 autres pays, tous en Afrique subsaharienne, elle est de moins de 60 ans. L’OMS pointe des domaines où des progrès sont nécessaires : fournir de l’eau potable à quelque 1,8 milliard de personnes qui boivent de l’eau contaminée chaque jour, réduire le nombre de fumeurs qui dépasse le milliard dans le monde et donner accès à des toilettes salubres aux 946 millions de personnes qui défèquent en plein air. (sources Le Monde et site de l’OMS mai 2016) La Banque Mondiale a également publié en octobre 2015 une étude sur l’extrême pauvreté dans le monde : elle devrait pour la première fois cette année frapper moins de 10 % de la population mondiale tout en restant « très inquiétante » en Afrique subsaharienne. Quelques 702 millions de personnes, soit 9,6 % de la population mondiale, devraient vivre sous le seuil de pauvreté, que l’institution a porté de 1,25 à 1,90 dollar par jour pour tenir notamment compte de l’inflation. Si la tendance est à une nette baisse en Asie – et spécialement en Inde – ou en Amérique du Sud, l’extrême pauvreté s’enracine en Afrique subsaharienne, où elle frappera encore cette année 35,2 % de la population, comptant pour près de la moitié des plus défavorisés du globe. La situation est particulièrement préoccupante à Madagascar et en République démocratique du Congo, où près de 80 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté. (sources Le Monde – octobre 2015) - voir aussi les tableaux ci-dessous.
L'action humanitaire internationale : comment la valoriser ? L’action humanitaire internationale peut d’abord se définir par ce que l’on appelle "l’axiome humanitaire", c’est à dire l’obligation morale de sauver la vie des victimes d’un conflit armé ou d’une catastrophe naturelle ; cet axiome est présent dans tous les pays du monde et dans toutes les cultures ; il est possible de dire que c’est à partir de lui, que s’est constitué le droit international humanitaire. Aujourd’hui le champ d’application s’est élargi et l’action humanitaire internationale concerne aussi des populations en grande précarité soit de façon brutale à cause d’un événement extérieur (comme des inondations, des tremblements de terre par exemple) soit de façon chronique pour différentes raisons économiques, environnementales, sociales, politiques ou médicales. Plusieurs termes sont à rapprocher : entre autres la solidarité internationale, la coopération internationale, le bénévolat solidaire international, l’aide médicale internationale. Historiquement, l’organisme le plus emblématique de l’action humanitaire internationale est sûrement le comité Internationale de la Croix Rouge créée en 1863 en Suisse par Gustave Moynier et Henri Dunant. L’action humanitaire internationale comprend des actions très différentes selon l’organisme qui la met en œuvre, les conditions locales ou la nature de l’intervention proposée. Mais, si l’action humanitaire internationale d’urgence dans le cadre des conflits armés a un droit (bien souvent non respecté), l’aide en faveur des populations souffrant des conséquences du blocage du développement n’entre pas dans le cadre d'une convention internationale spécifiant les droits des personnes intervenantes pour des associations ou des Organisations Non Gouvernementales ou à titre personnel. L’engagement citoyen dans le cadre de l’action humanitaire internationale est l’objet de plusieurs études. A titre d’exemple, citons celle réalisée en novembre 2015 sur l’engagement citoyen international des jeunes français ; cette étude a été réalisée par Bertrand Jarrige, Inspecteur général de la jeunesse et des sports, Jean-Claude Jacq Inspecteur des affaires étrangères et Isabelle Fradin-Thirode, Inspectrice des affaires étrangères. Le diagnostic a porté principalement sur les dispositifs de volontariat international d’échange et de solidarité (VIES) inscrits dans des cadres définis par l’État ou par l’Union européenne. Le volontariat international en administration et en entreprise (VIA et VIE) a été examiné à titre de comparaison et d’inspiration, de même que les formes de VIES organisées en dehors des cadres formalisés, tels que les chantiers de bénévoles ou les échanges au sein de grands mouvements internationaux de jeunesse. Les auteurs concluent que malgré une croissance globale des effectifs de volontaires de solidarité, la situation apparaît insatisfaisante à plusieurs égards :
En effet, rapporté à la population concernée, le nombre de participants à ces dispositifs reste très modeste (0,3 % de l’effectif d’une génération) et les caractéristiques des volontaires sont 6 loin de représenter la diversité du public potentiel : les niveaux élevés de formation (bac+5) sont surreprésentés tandis que les niveaux intermédiaires en sont quasi absents.
Les dispositifs existants peinent à répondre à la demande sociale : la proportion de jeunes prêts à s’engager dans un volontariat international atteint 75 % chez les 18-24 ans et on enregistre 50 à 100 candidatures pour chaque offre de VSI, ce qui s’explique par une situation tendue de l’emploi en France qui amène à rechercher le volontariat comme une première expérience professionnelle.
Les dispositifs existants ne parviennent pas non plus à assurer une information satisfaisante à destination des publics peu diplômés.
Par ailleurs, de nombreux freins entravent la croissance et la diversification de ce type particulier d’engagement citoyen. Ils résultent d’abord de facteurs professionnels (priorité à la formation et à un emploi en France), financiers (le montant des indemnités exige parfois une participation personnelle), psychologiques et familiaux (partir à l’étranger peut être perçu comme un saut dans l’inconnu) ou culturels (idées préconçues sur certaines régions du monde, faiblesse linguistique). Aujourd’hui il est possible de dire que l’engagement humanitaire à l’international :
procède d’un choix personnel,
concerne une minorité d’individus,
n’est concerné par un cadre juridique que pour l’intervention humanitaire rentrant dans le cadre des conflits armés.
Plusieurs motivations se cumulent ; on pourrait citer entre autres motivations :
la conviction que l’engagement et l’action peuvent améliorer la situation des populations défavorisées ou souffrant du sous-développement,
l’altruisme vers des populations différentes,
le désir de faire une première expérience pré-professionnelle,
l’utilisation de ses compétences dans une relation non marchande,
le désir de mettre en œuvre des valeurs éthiques,
le désir de suivre les traces d’un modèle humain célèbre,
le hasard de rencontres qui vous mettent sur le chemin.
Dans la plupart des cas, une fois le désir constitué, la démarche du volontaire bénévole s’oriente vers les associations humanitaires que l’on a coutume d’appeler les ONG ou Organisations Non Gouvernementales.
Il existe cependant des situations où l’engagement se fait directement auprès des populations sans passer par les ONG. C’est plus particulièrement le cas pour des adultes ayant eu l’occasion de faire un voyage touristique dans un pays du Sud et d’avoir à cette occasion nouée une relation amicale avec une famille ; et puis, malgré le retour de la fin des vacances, la relation a perduré et une relation d’entraide s’est constituée.
La pauvreté et ses conséquences sur les conditions de vie des populations peuvent se mesurer par deux indices économiques complémentaires :
le Produit Intérieur Brut par habitant
et l’Indicateur de Développement Humain
Le Produit Intérieur Brut par habitant est défini comme étant la somme des valeurs ajoutées réalisées à l'intérieur d'un pays par l'ensemble des branches d'activité (auxquelles on ajoute la TVA et les droits de douane), pour une période donnée, indépendamment de la nationalité des entreprises qui s'y trouvent et rapportée au nombre d’habitants du pays considéré. Chacun sait que le PIB ne prend pas en compte le travail non rémunéré, celui que l'on fait pour soi-même (le travail domestique par exemple), le bénévolat, ce que l'on produit pour soi-même (son verger, son potager,...) encore appelée l'autoconsommation, la production encaissée en liquide et non déclarée, le travail informel et les activités illégales...
L’Indicateur de Développement Humain (entre 0 et 1) corrige l’absence de données qualitatives du PIB car il intègre :
l'espérance de vie à la naissance (qui donne une idée de l'état sanitaire de la population du pays),
le niveau d'instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux d'alphabétisation,
le P.I.B. réel (c'est-à-dire corrigé de l'inflation) par habitant, calculé en parité de pouvoir d'achat (PPA - c'est-à-dire en montant assurant le même pouvoir d'achat dans tous les pays).
La comparaison entre la liste des pays au PIB par habitant et celle des pays à l’IDH les plus faibles (voir ci-dessous) montre qu’il s’agit, pour la plupart, des mêmes pays dont une majorité de pays africains.
Pour être objectif, il faudrait pouvoir apporter un correctif en :
intégrant l’aide au développement reçue par les pays concernés et aussi, l’aide adressée par les différentes diasporas ; vous savez bien combien ces transferts d’argent aux familles sont importants ; la banque mondiale estime qu’ils représentent près de trois fois l’aide publique au développement.
Un autre correctif mériterait également d’être apporté ; il s’agirait de différencier les études entre zones urbaines et zones rurales ;
Enfin les indices ne prennent pas en compte les disparités existantes selon les catégories de population et vous savez bien combien ces disparités sont grandes.
L'analyse des trois tableaux montre combien les pays d'Afrique sont concernés par la pauvreté :
Les ONG en trois constats L’acronyme d’ONG, Organisation Non Gouvernementale, n’est pas reconnu par tous les pays ; en France, en particulier, il n’a aucune existence légale ; en Afrique, il est attribué dans certains pays à des associations humanitaires qui remplissent certains critères. Si ceux-ci sont réunis, un agrément est délivré ; il permet à l'association d'avoir un statut d'ONG pouvant intervenir sur l'étendue du territoire national, mais aussi d'obtenir un régime particulier (exonération de tous droits et taxes sur les matériaux, matériels et équipements, l'admission temporaire des véhicules à usage utilitaire acquis ou achetés localement ou importés pour la réalisation des programmes de l'ONG etc...). L’ONU a également des critères bien définis pour qu’une association soit reconnue ONG :
soutenir et respecter les principes de la Charte des Nations Unies;
être reconnue au niveau national ou international;
être à but non lucratif et exemptée d’impôt;
avoir l’objectif et les moyens de conduire des programmes d’information efficaces sur les activités des Nations Unies, destinés à ses membres et au grand public ;
avoir une expérience préalable de collaboration fructueuse avec un ou plusieurs Centres d’information des Nations Unies ou d’autres organismes du système des Nations Unies;
fournir un état financier annuel audité, établi en dollars américains par un comptable qualifié et indépendant;
avoir des statuts/règlements qui assurent un processus transparent de prise de décision, d’élection des responsables et des membres du conseil d’administration.
Les ONG et la recherche éperdue de financements Toute ONG a besoin, pour fonctionner, de trouver des financements ; cette recherche de financements est devenue au fil du temps une technique technocratique nécessitant une formation universitaire ; on peut parfois se demander si la technocratie induite par les exigences des bailleurs n’a pas eu pour conséquences d’annihiler les réelles motivations humanistes de l’esprit de solidarité internationale. Les ONG et la dérive interventionniste du Nord La bureaucratie et la volonté d’offrir des expertises aboutit à un interventionnisme du Nord qui a tendance à s’imposer face au savoir-faire du Sud et à sa connaissance des réalités ; ce fut un de mes combats d’inciter les jeunes universitaires du Sud à s’investir dans la connaissance de la technocratie des montages de projets pour reconquérir une place que l’on contestait ; Les ONG, auxilliaires patentés des états occidentaux Face à la difficulté d’obtenir des financements, les ONG se sont très vite orientés vers l’auxiliariat des états et des institutions internationales désireux de ne pas apparaître au premier plan dans des opérations « délicates » comme la gestion des camps de réfugiés ou de rassemblements de déplacés aux abords des zones de guerre ; aujourd’hui, il est possible de dire que sans les grands états du Nord et les institutions internationales, les grandes ONG n’existeraient plus !
Saluons pour mémoire le travail effectué sur le chapitre des effets pervers de l’action des ONG, par Dambisa Moyo, auteure de «L'aide fatale ».
Si l’on admet que les conditions de vie précaires et la pauvreté sont d’abord les conséquences d’un désordre économique, la question se pose du diagnostic de ce désordre économique : de quel désordre s’agit-il ? de quelle nature est-il ? La pensée unique a très vite affiché son diagnostic : il s’agit du sous-développement ! Ne pourrait-on pas affirmer que le sous-développement économique d’une communauté est
d'abord du à un blocage du développement ?
Le blocage du développement économique intervient comme une conséquence de cinq conditions :
L'absence de confiance de ses membres dans l’avenir de la communauté et dans ses dirigeants,
La limitation de la liberté de circulation des personnes et des biens,
La diminution du sens de l'intérêt public et du service public, y compris les prérogatives régaliennes : c’est la capacité de créer un Etat et une administration ;
L’existence de conflits armés intra-communautaires
La limitation de la liberté de création et d’innovation.
Dans des sociétés minées par des blocages au développement, le recours au partenariat semble être l’ultime possibilité de réaliser des investissements publics en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. Le partenariat concerne aussi bien les collectivités locales que le milieu associatif dont les ONG.
Impulser une nouvelle façon d'aider :
Prendre en compte le préalable de la nécessaire prise de conscience des populations sur la possibilité de trouver des solutions locales ; les intellectuels, les membres de la diaspora, les cadres, les enseignants devraient être les premiers convaincus, quelles que soient leurs orientations politiques, car c’est à eux de diffuser cette espérance et de s’élever contre le fatalisme, la désespérance dans ses propres capacités, le repli sur des intérêts individuels et au final l’abandon de toute initiative ; ces facteurs de blocage du développement sont devenus des données culturelles et il faut leur apporter des réponses argumentées !
Fortifier l’Etat et le mettre à l’abri des alternances politiciennes : l’Etat et son administration sont les premiers acteurs du développement et à ce titre ils doivent être l’objet de l’attention de tous ceux qui s’investissent en faveur du développement : un état compétent nécessite une administration compétente, honnête, ayant le sens de l’intérêt général et de l’intérêt du pays. L’état administrateur nécessite d’être à l’abri des intérêts politiciens car il a besoin de la durée pour gagner en efficience !
Responsabiliser les élus sur la nécessité de privilégier la cohésion nationale et l’intégrité : La corruption est un non-sens économique, un crime contre les intérêts des populations et une faute morale majeure : un élu politique corrompu devrait être mis à l’index de la société ! C’est bien sûr vrai dans tous les pays, mais pour un pays qui se trouve en blocage de développement, c’est encore pire !
Donner aux élites africaines la priorité pour développer l’innovation : il y a un potentiel énorme qui s’exprime le plus souvent dans les pays du Nord ; il n’y a pas de développement sans une recherche active source des progrès futurs ; cela suppose une grande liberté laissée au travail intellectuel, or chacun sait que la capacité intellectuelle des élites africaines n’a pas à rougir face à celle des pays du Nord et pourtant dans leurs propres pays, elles ne peuvent pas vraiment travailler dans de bonnes conditions.
Se méfier de la soi-disant expertise des pays du Nord : sous prétexte d’aide au développement les experts du Nord ont fait des pays du Sud leur chasse gardée ; ce faisant, ils ont imposé leurs normes et leurs technologies pour au final rendre les pays dits pauvres dépendant d’un savoir-faire qui au fil du temps se révèle souvent inefficient.
Quel rôle pourrait avoir la franc-maçonnerie dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement ? La promotion du revenu universel et inconditionnel nous semble une voie d'avenir.
Un de ses promoteurs qui fut aussi membre du GODF, Yoland Bresson (1942-2014) en parle :
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