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La Marche à Reculons

Dernière mise à jour : 15 juil. 2020


Rappelons que, lors de la réception au premier degré, on introduit le profane  dans le cabinet de réflexion dépouillé de tous ses métaux. Dans cette chambre de préparation et de méditation  il se prépare à mourir à soi-même en rédigeant un testament philosophique. Le candidat pénètre ensuite dans le Temple courbé ; il

entre par le « porte basse  », passage difficile qui permet de commencer une

nouvelle vie. Le bandeau sur les yeux lui voile la lumière. 


Lors de la réception au deuxième degré, l’apprenti a achevé le premier travail de dégrossissement de la pierre brute. Il va franchir une nouvelle étape sur  l’échelle initiatique en passant de la perpendiculaire au niveau. Il rentre dans le temple en effectuant les trois pas du premier degré avec une règle sur son épaule.


Cette règle qui , utilisée à bon escient amène le maçon à en faire usage pour trouver la

mesure, l’ordre inhérent à toute chose, la discipline au quotidien, l’attention à tout

ce qu’il fait, la constance dans une ligne de conduite librement choisie pour

l'édification de son temple intérieur. 


Pour la réception au 3ème  degré, muni du mot de passe des maîtres, le compagnon est

introduit dans la chambre du milieu par  « la marche à reculons».  

 

La loge est tendue de noir ; l’Orient est fermé par un rideau. Le  temple est plongé

dans une atmosphère lourde de ténèbres et de désolation. 


Seuls le Delta de l’Orient et l’Etoile flamboyante à l’occident restent éclairés. 

Le compagnon qui demande à être admis en chambre du milieu est surpris

d’apprendre qu’il est soupçonné d’avoir commis le pire forfait : un assassinat. 

Un Maître est étendu dans un cercueil, les pieds vers l’Est, le visage recouvert d’un

mouchoir blanc taché de rouge. A sa tête l’équerre est ouverte vers l’Est et à ses

pieds le compas est ouvert vers le cercueil ; entre la règle et le levier, une branche

d’acacia est placée en tête du cercueil. 


Ce compagnon qui a conçu l’espoir d’être crée Maître maçon est passé par deux

étapes préliminaires : 


- Premièrement : l’initiation au grade d’apprenti qui lui a laissé entrevoir une forme

de clarté, bien faible, mais pleine d’espérance. La mise à l’ordre, les signes, les

attouchements, l’âge et la batterie sont des éléments qui lui permettent d’être admis

et reconnus dans une société dotée de moyens de reconnaissance. Il a reçu les outils

nécessaires à son perfectionnement. 


- Deuxièmement : l’augmentation de salaire au 2 e  degré qui l’a placé sur la colonne

du Midi pleine de lumière. En passant de la perpendiculaire au niveau, le

compagnon accède à un symbolisme porteur d’élévation, tourné vers la sphère

céleste, tout en parcourant la sphère terrestre. 

Tout au long de sa période de compagnonnage, il va méditer sur le symbole de

l’étoile flamboyante et sa mystérieuse lettre G. L’une de ses préoccupations

centrales va être de glorifier le travail. Le compagnon en quête de connaissance est

censé au terme de ses voyages devenir flamboyant de lumière. Il a gravi un escalier

tournant de trois et de cinq marches, séparés par un repos. Avec l’aide du G A D L

U, de l’assistance de l’équerre et du compas et du bénéfice du mot de passe des

maîtres, il va entrer en chambre du milieu, accompagné par une musique funèbre. Il

est angoissé, très étonné et s’interroge sur de nombreuses questions : 


- Pourquoi doit-il passer de la relative lumière qu’il apercevait au Midi à la

pénombre ? 

- Comment progresser en marchant à reculons ? 

- Que signifie cette Etoile Flamboyante à l’occident ? Son Etoile qu’il voyait à

l’Orient en chambre de compagnon ? 

- Quelle rupture radicale avec le connu ! Plus il recule, plus lointaine semble

l’étoile. Ses certitudes s’étiolent lentement mais sûrement. 


La marche à reculons marque la phase de transition entre le travail accompli et le

travail à faire. « C’est avec les lumières du passé qu’on se dirige vers l’obscurité

de l’avenir »  nous dit le VM 


Cette méditation est nécessaire pour préparer le futur Maître à faire un

retournement complet qui lui permet d’opérer un changement d’état irréversible. 


A ce stade on est en droit de se poser un certain nombre de questions : 


-   Ne sommes nous pas aussi complices de la mort du Maître ? 

-   Nos gants et notre tablier en apparence immaculés, suffisent-ils à nous laver de

tout soupçon ? 

-   Quel usage avons-nous fait des outils mis à notre disposition ? 

-    Dans quelle mesure, par ignorance, fanatisme ou ambition, n’avons-nous pas

participé à ce crime ? 

-    Avons-nous toujours recherché la vérité au-delà d’apparences souvent

trompeuses ? 


-    Ne nous sommes-nous pas endormis, bercés par cette haute opinion de nous

même qui nous permet de masquer nombre d’imperfections et manquements ? 

Après que le VM se soit assuré que les mains du récipiendaire sont pures et que

son tablier est sans tâche, le compagnon effectue la marche à reculons vers le

cercueil d’HIRAM en se remémorant l’enseignement reçu, en effectuant par

introspection un véritable examen de conscience. Il réalise qu’un cycle de vie

s’achève et se prépare à quitter son enveloppe corporelle pour libérer ses forces

spirituelles. 


On peut dire que la marche à reculons évite au récipiendaire d’être confronté

trop brusquement, sans préparation à la mort. Elle lui fournit un palier, un

temps de réflexion, de récapitulation sur le passé vécu, sur les épreuves

traversées et sur l’œuvre accomplie. 


La marche à reculons permet d’avancer, pour comprendre ce que l’on a réalisé

et percevoir ce qui reste à faire. 


En marchant à reculons, le compagnon observe avec attention l’étoile flamboyante ;

cela lui permet de faire le point sur soi même. Il s’identifie à cette étoile

flamboyante qui correspond à l’état d’illumination de l’initié à la fin de ses

voyages. 


La marche à reculons symbolise le point intermédiaire où l’on récapitule son

vécu initiatique avant de pouvoir changer de plan. Jusqu’ici le chemin effectué à

été un parcours horizontal ; en situation de se retourner il se prépare à accéder

au plan  vertical de la connaissance métaphysique, c’est pourquoi il lui faut

mourir à ce  monde, pour ressusciter à celui qu’il reste à explorer. 


La marche à reculons marque le point de transition entre ces deux phases de vie

et de mort, indiquant que le maître passe le seuil en sens opposé à celui emprunté

par le profane, l’apprenti et le compagnon. On peut considérer qu’il s’agit en fait

d’une marche en avant puisque l’on se dirige vers la lumière, vers la spiritualité,

vers le centre du cercle. 


En conclusion, on peut dire que, marcher à reculons c’est déplacer, repousser

symboliquement les frontières du visible et de l’invisible. 


Pour apprendre à tracer des plans, nous devons marcher à reculons sur le sol du

temple physique vers le centre du cercle qui est partout, et dont la circonférence

n’est nulle part. 


J’ai dit 


CDJ

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