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Photo du rédacteurMatéo Simoita

La mort en Franc-Maçonnerie

Dernière mise à jour : 15 juil. 2020

Et si l'on parlait de la mort ... ?



Sommaire de la page


  • Le testament philosophique pour réussir sa mort initiatique

  • Le Maître et la Mort

  • La mort, au-delà du symbole, une réalité !

  • La mort dans la légende d'Hiram


C'est un thème de réflexion important aussi bien pour les profanes que pour les initié(e)s ; nous publions des contributions personnelles ; vous aussi, si vous le souhaitez, vous pouvez apporter votre pierre !


Le testament philosophique pour réussir sa mort initiatique


La plupart du temps le(la) profane qui a fait sa demande entre dans un processus de rencontres, suivi du passage sous le bandeau, avant de se voir annoncé la date de l’initiation ; au total, il peut se dérouler entre quelques mois et un an. C’est une période ambiguë : on n’est pas encore mais on le sera bientôt ; de sorte qu’à part les lectures que l’on peut s’autoriser, les discussions avec le parrain ou la marraine (lorsqu’il ou elle existe), ou avec des ami(e)s franc-maçon(ne)s (dont le conjoint parfois) tournent souvent autour de généralités : il faut attendre !


Or cette période est très importante ! Lorsqu’on la vit dans l’attente fébrile d’un « heureux » événement, on rate quelque chose que l’on ne pourra plus revivre !


L’initiation, au premier sens du terme, est avant tout une immersion dans un nouvel univers conceptuel : le vocabulaire, le rituel, les visages, tout va être à découvrir ! C’est cette rencontre avec la nouveauté qui caractérise l’initiation.

Les rituels maçonniques, comme tous les rituels initiatiques, formalisent cette rencontre au travers d’une cérémonie que l’on nomme aussi initiation.


Le recueillement dans le cabinet de réflexion est un des préalables à cette cérémonie ; pendant ce recueillement il sera demandé au (à la) profane de rédiger son testament moral et philosophique ; Il s’agit de répondre à trois questions ; selon les loges et les obédiences plusieurs formulations sont possibles ; à titre d’exemple, voici trois formulations possibles :


  • Quelle est votre croyance sur l'existence d'un Dieu créateur et principe unique de toute chose; sur la Providence et sur l'immortalité de l'âme humaine; et que pensez vous de la religion chrétienne?

  • Quelle idée vous êtes vous formée de la vertu considérée dans ses rapports avec Dieu et avec la religion, avec vous même et avec vos semblables?

  • Quelle est votre opinion sur les vrais besoins des hommes, et en quoi croyez vous que vous puissiez leur être le plus utile?

ou

  • Que doit l'homme à ses semblables ?

  • Que doit l'homme à son pays ?

  • Que doit l'homme à Dieu ?

ou

1. Quels sont les devoirs de l’homme envers lui-même ?

2. Quels sont les devoirs de l’homme envers sa Famille ?

3. Quels sont les devoirs de l’homme envers la Cité ?

4. Quels sont les devoirs de l’homme envers l’Humanité ?

5. Testament Moral et Philosophique : A sa dernière heure chacun laisse une part de lui-même à la postérité ; il laisse en particulier le souvenir de son comportement moral et l’expression de sa philosophie. Et vous, quel souvenir souhaiterez-vous laisser ? Comment vous y prendrez-vous ?

La tendance de la plupart des profanes est de prendre ces questions au premier degré et de s’imaginer rédiger un testament de fin de vie comme cela peut se passer pour n’importe quel individu sachant sa fin proche.

Or, on ne dit pas assez qu’on est ici dans une toute autre situation. Il s’agit d’une mort d’un état profane qui va muter en une renaissance initiatique. L’initiation agit comme une mue : on va se débarrasser d’un état pour endosser un autre habit.

Le testament moral et philosophique du profane doit être compris comme une prise de conscience de cette volonté de changement vers la perfection. Il est inutile de vouloir faire des déclarations d’intention sur ce qui pourrait être des vertus auxquelles on attache une certaine importance.


Si ce testament doit avoir une valeur c’est parce qu’il pourrait recéler tout ce que le profane veut abandonner parce qu’il pourrait avoir conscience qu’une autre dimension l’attend avec d’autres valeurs beaucoup plus motivantes que celles auxquelles il était attaché.

En aidant le(la) profane à se préparer à cet exercice préalable à son changement d’état , on pourrait faciliter sa compréhension de l’initiation et en conséquence la "réussite" de cette mort initiatique qu’il ou elle a souhaité réaliser.


Le Maître et la Mort

Je vous propose d’aborder ce soir un sujet dont nous parlons peu en loge alors qu’il est un des éléments centraux de la mythologie de la F.M. et le point d’orgue du grade de maître.


En faisant des allers-retours entre mon expérience personnelle, ma perception symbolique et notre rituel, je vais vous soumettre l’état actuel de ma réflexion sur la Mort.


Pour commencer, voici une définition humoristique, cependant réaliste et pleine d’enseignement pour qui veut bien entendre :

« La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible ».

J’aime beaucoup cette phrase qui nous rappelle avec humour ce que les stoïciens romains déclaraient déjà bien avant nous :

« Memento mori »


que nous traduisons rapidement par :

« Souviens-toi que tu es mortel»


et que je préfère traduire par :

« Je dois me souvenir que je vais mourir ».


En effet, mes frères, dans ce monde instable où rien n’est jamais acquis, où la crise, la maladie, le chômage, l’accident peuvent bouleverser nos plans les mieux assurés, seule l’issue de notre promenade terrestre est certaine.


Nous allons tous mourir, vous et moi. Si nous ne connaissons pas la date, nous savons l’échéance.

Ce lot commun et inexorable nous unit plus étroitement que la fraternité que nous avons choisie.


Il semble même que cette prise de conscience caractérise notre humanité. L’animal, lui, n’est pas conscient de sa propre fin, même s’il semble sentir l’approche de la mort autour de lui.

Tout adolescent doit affronter un jour cette troublante évidence et il la surmonte comme il peut, l’échéance lui semblant très éloignée.


Puis l’adulte s’arrange pour s’occuper suffisamment l’esprit, en général dans une sur-activité professionnelle et sociale pour tenter d’oublier le rendez-vous final.

Les premiers décès familiaux nous renvoient à nouveau à cette évidence et peuvent entraîner bien des désordres personnels.


La religion, quelle qu’elle soit, propose une solution à cette angoisse grâce à un acte de foi en une vie de rétribution dans l’au-delà. La contrepartie dogmatique qu’elle impose, l’intégrisme dont elle fait souvent preuve, ont écarté peu à peu de ses temples la population et sa jeunesse en premier.

La Mort garde, en occident, un aspect terrifiant, d’autant que notre civilisation technologique la repousse derrière tous les paravents qu’elle peut imaginer.


Notre société privilégie le mythe d’une jeunesse éternelle, riche et belle, alors même que les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver leur place dans la société et que de nombreux adultes se cramponnent à leur activité professionnelle par peur du vide.


Au lieu de l’intégrer à la vie comme bon nombre de civilisations avant nous, notre société dissimule la Mort, la camoufle comme un enfant essaye de cacher sa faute.

Cette phobie de la mort relègue les personnes en fin de vie dans les hôpitaux comme s’il était question d’une maladie. Nous nous acharnons à maintenir dans un semblant de vie des mourants que nous ne savons plus accompagner tranquillement au seuil de leur grand départ. Leur simple décès naturel est vécu comme un échec, une injure à notre arsenal thérapeutique, alors que notre présence auprès de nos porches au moment de leur mort est à la fois un acte de véritable fraternité et une expérience extraordinaire au sens premier du mot.

Cette frénésie chasse toute représentation réelle de la mort, alors que, dans le même temps, la violence l’étale sur nos écrans de télévision où elle se déguise en jeu vidéo comme pour conjurer la réalité.

La religion désenchantée n’offre plus guère de certitude qu’à quelques acharnés qui rêvent d’anges à plumes et de sièges dorés dans des nuages de Chantilly.


Même la philosophie du dernier siècle s’est repliée sur une vision matérialiste et scientiste, plus cynique que stoïcienne, fondée sur le hasard et la nécessité dans laquelle la Mort n’a pas plus d’importance que la Vie.


Le mot lui-même n’est plus prononçable dans les salons comme s’il était devenu indécent : on ne meurt plus, on part, on quitte.

La Mort n’est plus qu’un état clinique qui permet à la société de nous rayer des cadres.

Pourtant, depuis toujours, la Tradition nous dit que la Mort est bien autre chose.


J’avoue que pour ma part, n’ayant pas été confronté tôt à la mort dans mon environnement familial, je n’ai pas beaucoup réfléchi à ce sujet avant que ma belle mère ne se tue dans un accident de voiture en 1980.

J’ai dû m’occuper alors des rites funéraires à la place de mon beau-père et mon épouse, tous deux trop effondrés pour affronter les démarches administratives. J’ai dû soutenir ma femme pendant plusieurs mois, en craignant pour sa santé mentale tant le refus de la mort de sa mère la perturbait.


J’ai réalisé tout à coup la fragilité de tout ce que je croyais avoir construit solidement pour ma famille : ma situation, mon patrimoine, et même, soudain, les liens affectifs que le violent chagrin de mon épouse avait rompus.


J’ai fait face, comme tant d’autres, mais sans aller vraiment plus loin.


Et puis, quelques mois plus tard, alors que je m’y attendais le moins, j’ai eu une expérience de mort imminente : le tunnel lumineux dans un grand vide noir.


En fait, je n’ai pas vu de tunnel lumineux, mais j’ai été confronté pendant un temps indéfini à un autre état de conscience dans un ailleurs inconnu.


Cette expérience radicale m’a transformé à jamais et j’ai ramené de ce voyage des connaissances au plein sens du terme auxquelles je n’avais plus accès auparavant. Comme toutes les expériences personnelles et plus encore, celle-ci est intransmissible.


Cependant, elle m’a donné des clefs pour mieux comprendre la Vie et la Mort. Elle m’a donné aussi une furieuse envie de poursuivre cette initiation et m’a poussé à frapper à la porte du Temple.

Regardons maintenant du côté de notre rite.

Depuis l’initiation maçonnique puis l’élévation au second degré, tout le rituel concourt à préparer l’impétrant à la cérémonie d’exaltation.


Alors que depuis le premier degré, tout est chaude fraternité, soudain, je suis accusé du meurtre du Maître puis assassiné à mon tour par trois de mes frères, trahi par ceux qui ont ma confiance mais qui, par ignorance de leur véritable nature, par ambition d’un vain pouvoir, par fanatisme de leur propre adoration, croient pouvoir obtenir de force la transmutation intime, fantasme de leurs désirs.


Alors, je suis enseveli et je rejoins la terre Mère. Mon corps de chair se corrompt au point que mes os se désassemblent :


« Je seray sous la terre et fantaume sans os :

Par les ombres myrteux je prendray mon repos. »

Pierre de Ronsard


Ce mystère, au sens de ceux qui étaient représentés au Moyen Age sur le parvis des églises, ce mystère doit nous obliger à mesurer la vanité de nos quêtes égotiques : quel que soit notre rang, notre naissance, notre érudition, notre pouvoir matériel, notre office, notre grade, notre sort est commun à celui de tous nos frères en humanité comme à celui de Maître Hiram.


Et à cet instant, quelle que soit notre croyance personnelle, nous devrons assumer l’instant éternel du regard du GADLU sur notre totale nudité.


Puis soudain, par la gloire du GADLU et l’amour de mes frères, je suis relevé par les cinq points parfaits de la maîtrise et je reparais aussi radieux que jamais.


Par cette scénographie, le Rite Ecossais Ancien et Accepté rejoint les anciens mystères qui, tous, proclament la mort de l’innocent (c’est-à-dire aussi de celui qui ne sait pas) pour la naissance de l’initié, celui qui entre sur le chemin.

C’est ce que nous racontent tous les anciens mythes :


Ainsi Mithra qui, Sol Invictus, reparaît en pleine lumière, Perséphone dont la mère obtient le retour périodique du royaume des morts, Atys, émasculé, qui, vidé de son sang, renaît dans un conifère toujours vert, Osiris au cadavre éparpillé par son frère assassin et dont l’épouse, Isis, recompose et ranime le corps, Jésus qui descend aux enfers et ressuscite le troisième jour.


Dans tous ces mythes la Mort n’est qu’une porte ouverte sur une autre facette de la Vie ainsi que l’écrit poétiquement William Blake :


Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’Océan.

Il est la Beauté, il est la Vie.

Juste au moment où quelqu’un près de moi dit : « Il est parti »,

Il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon,

S’exclament avec joie : « Le voila ! ».

C’est ça la Mort .


Le rituel ne prend pas de position exotérique sur l’après vie. Ainsi dans le rituel funèbre, il est dit :

« Devant ce mystère, inclinons nous humblement, conscients de l’étendue de notre ignorance et de l’infinitude de ce qui dépasse notre savoir. Mais ne confondons pas cette nuit avec le néant etc… »


Le rituel d’exaltation lui, parle tour à tour de renaissance puis de résurrection sans autre détail.


Pour ma part, cette mise en scène m’a renvoyé avec force, pour ne pas dire avec violence, à ma propre expérience de mort apparente et de « renaissance » plus radieux que jamais, rempli de nouvelles connaissances, ou plus exactement de connaissances éternelles auxquelles j’avais à nouveau accès et qui m’ont mis sur le chemin vers l’Unité Retrouvée.


J’ai mieux compris alors l’insistance de la Tradition à nous pousser encore et encore à nous connaître nous-mêmes : cette plongée intérieure rejoint le sens biblique de verbe « connaître » car c’est véritablement une pénétration amoureuse au plus intime de nous-mêmes qui débouche sur un émerveillement sans cesse renouvelé.

Mais, au-delà de la nouvelle condition d’éveillé que doit avoir acquis le maître, le Rite, comme le rituel, comme la Tradition, nous parle encore d’autres choses.


Le Juste assassiné revient à la vie, mais il revient aussi resplendissant que jamais, transfiguré par la connaissance intime de sa véritable nature spirituelle. Cette re-naissance est aussi une re-connaissance pour lui-même et/ou pour son environnement.


C’est justement cette re-connaissance qui le fait resplendir et qui transforme sa nature profonde : « Nolli me tangere » dit le Christ à Marie Madeleine qui tend la main, tel Thomas, pour toucher Celui qu’elle pensait mort. « Ne me touche pas » car ma nature a changé et, symboliquement, le divin et le profane ne peuvent coexister sur le même plan. Dans mon état énergétique actuel, tu ne peux pas m’atteindre, peut être même, le contact physique te serait fatal.

Cette révélation a deux implications :

  • Le GADLU, principe créateur, a tiré le cosmos (au sens d’ordre, de beauté) du chaos (au sens de l’informe, l’indifférencié). Cette création a un sens, même si celui-ci échappe à l’entendement de notre condition actuelle. Cette création est régie par un plan dont je suis co-artisan et qui garantit que ma vie, elle aussi, a un sens.

  • Issue du UN comme toute l’Univers, la part divine en moi me fait participer ontologiquement au UN Divin, à Son amour pour Sa création, à Son éternité et à l’intégralité de Sa connaissance. En d’autres termes, je suis éternellement aimé (quelle que soit la forme de cette éternité), je possède toute la Connaissance mais je ne le sais pas comme le disait déjà Socrate. Et nous retrouvons le « Connais toi toi-même ».


Voilà ce que me dit l’exaltation à la maîtrise : monte les derniers degrés de l’autel (ex altare) et contemple ta véritable nature ; tu participes du plan éternel du GADLU, ton Berger, tu es immortel et tu possèdes toute la connaissance de l’Univers enfouie au plus profond de toi, de ce que Jung appelle l’inconscient, c’est-à-dire ce que nous possédons en commun héritage de notre humanité sans en être conscient.

Cette vérité est au fond de notre cœur, là où les Védas nous disent que Brahmâ l’a cachée pour que l’Homme vulgaire ne la trouve pas.

La parole est perdue, qui nous permettrait de la connaître directement.


Il ne nous reste que des outils substitués, sans doute moins efficaces, mais néanmoins capables de nous aider dans notre quête.


Il nous reste la méthode maçonnique, la voie symbolique et le travail.


Alors, pour les frères qui souhaitent réellement embrasser l’Art Royal, s’ouvre la voie du travail, de la méditation et de la réalisation.

Réalisation dans le monde de notre véritable nature et, par osmose progressive, transformation de l’humanité.

Cette transformation viendra, un jour, et il n’est nul besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Un jour, comme pour la réaction atomique, la masse critique des éveillés sera suffisante pour que l’Homme advienne.


C’est ce que disent les pas du maître qui passe au-dessus du tombeau et dépasse la Mort pour s’ouvrir à une contemplation éblouissante : Ah ! Seigneur, Mon Dieu !


C’est ce que disent nos instructions au futur maître :

« Il est temps de vous rendre égal à vos Maîtres. Considérez que, maintenant, il ne vous suffit plus d’apprendre et de vous instruire, mais aussi d’instruire vos frères et de leur servir d’exemple vivant. »

La Mort n’est plus alors ce squelette grimaçant qui brandit une faux et effraye le profane, mais la porte entrouverte de l’ultime initiation terrestre qui nous permet d’accéder à notre véritable patrie, celle du GADLU, celle de l’Esprit.

Je termine mon propos ce soir par une citation de Durkheim :


« Lorsqu’il s’engage sur la Voie Initiatique, l’homme reconnaît s’être détourné de son origine éternelle et il se met de nouveau à la recherche de l’union avec l’Etre. C’est le Chemin sur lequel l’homme, jusque là inconscient de sa qualité d’expression de l’Etre, découvre la possibilité et la force de Le manifester. Cette voie suppose un total retournement, une mort et une renaissance. »


La mort, au-delà du symbole, une réalité !


La mort, c’est d’abord une réalité biologique qui s’impose à tous.

Plus on s’approche de l’âge prévisible de sa mise en œuvre, plus cette réalité devient une obsession.


Lorsqu’on observe les personnes âgées et qu’on les écoute, on s’aperçoit vite que, dans de nombreux cas, cette mort n’est pas forcément vécue de manière angoissante ; elle peut même être attendue comme une échéance normale et une délivrance souhaitée.


On doit à Elisabeth Kübler-Ross d’avoir décrit de façon très précise les sept stades de l’agonie :

1. Le choc de l’évidence

2. Le déni

3. La colère

4. Le marchandage

5. La dépression

6. L’acceptation

7. La décathexie (le 10ème et dernier stade dans la Grèce antique pour lequel Mme Kübler-Ross a souhaité conserver le nom).

Bien souvent, la mort est un sujet tabou qui n’est guère abordé : chacun préserve l’autre en pensant que le fait d’en parler gênerait. C’est vrai entre amis et c’est encore plus vrai dans les familles.

Autant le mythe dans sa fonction d’évacuation d’un affect considéré comme pénible, peut avoir un sens pour les sujets jeunes et moins jeunes qui ne sont pas directement confrontés à cette problématique, autant pour les sujets en situation de soins palliatifs qui entrent dans la suite des sept stades, le mythe semble perdre tout son sens : « C’est bon pour les intellos pas pour moi ! »

Quand la fin de vie s’annonce par vagues successives, rare sont les sujets qui peuvent vivre pleinement le stade d’acceptation : pour y arriver, il faut une aide d’une personne sachant avoir le comportement adéquat.

Il est dommage que le travail en loge au 3ème degré n’aborde que très rarement cette phase de la vie : ce serait pourtant formidable de pouvoir ensemble se préparer dans ce lieu de quiétude qu’est la chambre du milieu, en offrant aux sœurs et frères en situation incurable de bénéficier d’une aide fraternelle.


La mort dans la Légende d'Hiram


La légende d'Hiram, légende fondatrice de la franc-maçonnerie primordiale (voir la page qui lui est consacrée) nous donne à vivre lors de l'élévation au 3ème degré la mort de Maître Hiram , tué par trois mauvais compagnons qui exigeaient la divulgation du mot sacré ; cette mort n'en est pas tout à fait une puisque le rituel nous enseigne que Hiram revit dans le nouveau maître.

Est-ce un parricide ou un fratricide ? Des interprétations différentes peuvent êtres énoncées ; ce qui est sûr, c'est que pour les rédacteurs des rituels maçonniques, la mort est un passage dans un autre monde ; après la mort profane qui, lors de l'initiation, introduit la vie initiatique, la mort "biologique" introduit une vie dans un monde sacré ; les rituels ne s'avancent pas trop sur la nature de ce monde sacré où régnerait un Dieu tout puissant, pour ménager les opinions des différents croyants.

Cela explique que la batterie de deuil, fait toujours suivre les "Gémissons" par la formule "Espérons" !


On peut aussi interpréter la mort d'Hiram à l'aune de la pensée de René Girard (voir le paragraphe qui lui est consacré)

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